ors d’une conférence au Vinitech le 26 novembre dernier, dans une salle pleine à craquer, remplie de vignerons inquiets et désemparés, les principaux acteurs de la recherche française sont venus présenter leur nouveau plan de bataille contre le mildiou. Pour Laurent Charlier, responsable de recherche au CIVB, c’est une évidence. « Entre le dérèglement climatique et la pharmacopée qui s’amenuise, un changement des pratiques culturales s’imposent pour faire face au mildiou ». Alexandre Davy, ingénieur-œnologue à l’IFV ajoute que ce n’est pas la virulence du mildiou qui change mais bien le contexte et les armes avec lesquels les vignerons se battent. « En 2024, vous êtes parvenus à contenir le mildiou », lance-t-il à l’assemblée. « Mais à quel prix ? Explosion du nombre de traitements, vol en échec des stratégies sans CMR, développement de résistance aux produits phytosanitaires. Sur le long terme, ce n’est pas tenable ». Des alternatives chimiques, mécaniques et prophylactiques doivent être mises en place. Pour y parvenir, ISVV, IFV, INRAE, interprofessions et chambres d’agriculture ont donc décidé d’unir leur force et de mutualiser leurs expérimentations, au sein d’un plan Mildiou initié en 2022 et très prochainement du projet PARSADA, financé par le ministère de l’agriculture pour une durée 5 ans.
Sur le terrain, Camille Errecart, chargée de mission à la Chambre de l’Agriculture de la Gironde annonce avoir testé des stratégies de biocontrôles combinant cuivre et huile essentielle d’orange. « Jusqu’à 70% d’efficacité en positionnant le biocontrôle au bon moment », souligne-t-elle. Nicolas Aveline, ingénieure viticole à l’IFV, présente le résultat d’essais combinant cuivre et stimulateurs des défenses naturelles. « Une association qui a permis en 2024 de réduire de 10% en moyenne les doses de cuivres appliquées », précise-t-il, avant de s’attarder sur les résultats encourageants d’autres essais, cette fois-ci, de lutte mécanique. Le fameux Viti-Tunnel, une bâche en plastique qui se déploie lorsqu’il pleut et protège les raisins, et le ramassage à l’automne des feuilles contenant l’inoculum hivernal. « Quand on change de levier ou de système, autre que l’application de produit phyto, des perspectives s’ouvrent. Mais cela n’est pas sans conséquence sur les pratiques culturales », prévient Nicolas Aveline.
Dans les laboratoires, les pistes de recherche et les essais aussi se multiplient. Capture de spores de mildiou à la parcelle, biopesticides à base de peptide ou d’ARN, quantification des oospores dans le sol, nouvelles résistances variétales, rien n’est écarté. En attendant que la recherche n’avance, François-Thomas Bon, vigneron bio en Aquitaine, profite de la conférence pour partager quelques conseils pour faire face les années à forte pression fongique. « Investir dans du matériel léger comme un quad pour traiter, être suréquipé en matériel de pulvérisation, traiter jusqu’à 3 fois par semaine si nécessaire et ne jamais négliger la qualité des travaux en verts. Le combat se joue seulement avec quelques molécules, OAD et pulvérisation de qualité sont primordiaux ». A bon entendeur.