oup de barre pour les vignes dans la fleur de l’âge ravagées cette semaine par les orages de grêle. Coups d’arrêt pour des zones plus ou moins importantes de Cognac, de Bordeaux et du Beaujolais… Coup bas pour les vignerons qui se mobilisaient et accusent le coup avec plus ou moins de résilience selon l’état des trésoreries et de la couverture assurantielle… Ce coup du sort s’ajoute à une litanie de coups durs : la violence des grêlons sur la vigne étant sans doute l’un des plus violents, comme en témoigne la littérature. « Hélas ! le pampre vert protège en vain son fruit ;
La grêle affreuse tombe et l'écrase à grand bruit » écrivait déjà Virgile dans les Géorgiques (traduit par l'abbé Delille en 1770).
« À peine la vigne a-t-elle "passé fleur" ; la future récolte couvre le coteau ; mais il semble qu’elle soit là comme ces jeunes bêtes que le chasseur attache et abandonne dans les ténèbres pour attirer les fauves ; des nuées grondantes tournent autour des vignes offertes » témoignait François Mauriac dans son Nœud de vipères (1932). « La roulette, la peur, l’angoisse sont nos voisins, ils nous accompagnent chaque année, chaque printemps, chaque été, chaque automne. Mais on ne s’y fera jamais » résume Nicolas Lesaint dans In Vigna, rapportant la douleur vécue par le vigneron dont les parcelles sont ravagées : « il grêle, il grêle, il grêle, il bascule, il perd pied, il tombe, il pleure, il pleure, il hurle, il n’est plus là, il est dehors, il est trempé, il est dans ses vignes, dans ses rangs, dans son monde, dans son temps, il n’est plus là, il est à terre. »
Hachant les feuilles, lacérant les grappes et meurtrissant les bois, la grêle n’épargne pas les gens du vin. Chaque aléas climatiques voit la solidarité vigneronne se mobiliser pour soutenir les camarades frappés par le sort, avec de véritables vœux de condoléances qui permettent aux sinistrés de ne pas être isolés. Puissent les assureurs, services de l’État et candidats aux législatives anticipées être non seulement dans les mots de soutien, mais aussi dans les actions qu’ils ont le pouvoir d’entreprendre. « C'est une belle harmonie quand le faire et le dire vont ensemble » disait Montaigne dans les Essais. Et les risques sont désormais grands de sortie de route dans un vignoble vacillant sous une pluie ininterrompue de coups (climatiques certes, mais aussi économiques, géopolitiques...).
Le millésime 2024 est loin d’être achevé : courage aux vignerons sous pression et bonne chance à leurs vignes pour arriver indemnes aux vendanges.