L'incertitude des événements, toujours plus difficile à soutenir que l'événement même » lançait Massillon dans son oraison funèbre du prince de Conti (1709). Alors que les députés de l’Assemblée Nationale étaient pour beaucoup au trente-sixième dissous, leurs collègues du Parlement Européen pouvaient souffler ce dimanche soir : leur campagne électorale est terminée, ils peuvent passer des paroles aux actes sur une nouvelle mandature. Pour les élus nationaux redevenus candidats aux législatives anticipées, il faut au contraire repasser des actes aux paroles avec une campagne électorale aussi éclair qu’incertaine : des rebondissements politiques de la semaine témoignant de dons pour la profession de foire...
Ce nouveau calendrier parlementaire permettra-t-il de répondre au futur plan de filière vin, en remettant la stratégie de restructuration productive et de redéploiement commercial au centre des prochains projets législatifs ? Permettra-t-il de remettre les compteurs à zéro alors que la vie parlementaire commençait presque à ronronner pour l’agriculture française après la poussée de fièvre hivernale ? Dernièrement, les projets avançaient à leur petit rythme, avec l’examen du projet de loi d’orientation agricole qui passait de l’Assemblée au Sénat, la révision de la loi Egalim qui consultait, les rendez-vous pris pour le Budget 2025, le nouveau plan phyto qui se dessinait… Clap de fin pour cette séquence !
Et début de l’inquiétude pour les négociations européennes concernant la réduction du potentiel viticole national, dont le lancement reste attendu pour le 15 octobre 2024. Si la filière vin maintient sa détermination, le cap est désormais indéterminé. Dans cette période suspendue, c’est le flou furieux : plus de feuille de route, mais une feuille de doutes avant et après les législatives qui demande des engagements de la classe politique en paroles et en actes. Faute de visibilité sur les évolutions réglementaires, la situation est pour le moins inconfortable tant que le flottement durera. « C’est une grande vérité, ma fille, que l’incertitude ôte la liberté. Si vous étiez contrainte, vous prendriez votre parti » écrivait madame de Sévigné à sa fille en 1676. Sans contrainte, prenez un parti et des bulletins pour les votes du 30 juin et du 7 juillet.