es mesures prophylactiques restent incontournables pour limiter le développement du mildiou. Elles visent à minimiser l’humidité dans les parcelles, en évitant l’accumulation de l’eau dans les creux ou en bout de rang (drainage). Il faut également éviter le développement de végétation et supprimer régulièrement pousses basses et rejets traînant sur le sol ou partant de la souche. Les pampres sont plus particulièrement sensibles aux contaminations primaires de mildiou, en raison de leur proximité avec le sol. Les relevages effectués tôt limitent le nombre de rameaux qui tombent vers le sol et facilitent les interventions phytosanitaires.
L’IFV et l’Inrae viennent de lancer des essais sur l’impact d’une maîtrise de l’inoculum à l’automne qui consiste à retirer les feuilles et les rafles porteuses des formes de conservation du mildiou. Cette technique s’est avérée efficace contre la tavelure du pommier.
Le cuivre étant un produit de contact, la qualité de pulvérisation est un facteur clé de l’efficacité du traitement, en conventionnel comme en bio. Des essais menés par l’IFV Blanquefort (2013) ont montré l’importance de le positionner sur la face inférieure des feuilles, la contamination se faisant par les stomates qui se trouvent sous les feuilles. Le réglage des diffuseurs doit être réalisé dans cet objectif. L’enjeu est d’arriver à toucher tous les organes ciblés, sans pour autant générer une dérive trop importante. Le contrôle à l’aide d’un débitmètre du débit de chaque buse est un moyen d’assurer une bonne qualité de pulvérisation, tout comme la réalisation, en début de campagne, de tests avec des papiers hydrosensibles pour optimiser les réglages du pulvérisateur.
Les OAD (Outils d’Aide à la Décision) font partie de la panoplie d’outils qui concourent à l’optimisation des traitements. Grâce à des modèles de prévisions de développement de la maladie calculées en fonction des données météo, les OAD (Agroclim, DeciTrait, Oadex, Promété, RIMPro …) proposent une stratégie de traitement personnalisée et adaptée à chaque exploitation. Cette assistance n’exclut pas la surveillance du vignoble, passage obligé pour une bonne stratégie de lutte. Croiser les observations terrain avec les données des modèles et celles des OAD est le bon comportement à adopter. Chez Certis-Belchim, on explore également la piste de la LWA (Leaf Wall Area), qui consiste à moduler les doses en fonction de la surface foliaire. Dans certains pays comme l’Autriche, le dossier d’homologation de certains produits intègre déjà cette approche et les doses LWA figurent sur les étiquettes et les fiches de recommandation.
Pour lutter efficacement contre le mildiou, le traitement à base de cuivre sera déclenché au moment optimal, avec l’aide d’OAD si besoin.
« Le bon positionnement d’une intervention par rapport à une pluie est le facteur prépondérant dans l’efficacité d’un traitement », estime Nicolas Constant, référent viticulture bio à l’IFV. Le renouvellement des interventions est conseillé, en première indication, si une pluie contaminatrice est annoncée. Mais également si le dernier traitement est lessivé, ou encore si le dernier traitement n’est pas complètement lessivé mais que les nouvelles pousses ne sont pas protégées.
Les différentes études menées par l'IFV montrent qu'un des facteurs qui conditionne le lessivage du cuivre est la pluviométrie. Le lessivage le plus important est causé par les premiers millimètres, la perte de cuivre pouvant aller de 25 à 40%, dès 2 mm de pluie ! A partir de 5 mm, le taux de cuivre résiduel diminue beaucoup plus lentement pour se stabiliser vers un palier d'environ 40% de la dose initiale. La dose apportée est sans effet sur la cinétique du lessivage : le pourcentage de cuivre lessivé est constant quelle que soit la dose apportée.
Afin de mieux comprendre cette cinétique de lessivage, certains agrofournisseurs ont mené des études de laboratoire avec application et simulation de pluie au champ et des mesures au laboratoire du taux de cuivre présent sur les feuilles, tant en périphérie de végétation qu'à l'intérieur de la végétation. Cette méthodologie permet d'observer la perte de cuivre faisant suite à différents niveaux de pluie. Il semble que le rapport entre la quantité de pluie et la perte de cuivre soit de type linéaire pour les feuilles en périphérie. L’absence d'impact de la pluie sur le taux de cuivre des feuilles situées en intérieur de végétation a également été observée. Logique car si elles moins touchées par le traitement, elles le sont aussi par le lessivage.
Le sujet du cuivre vous intéresse ? Vous voulez en savoir plus sur les doses, la question de l’efficacité des produits en fonction de leur formulation, la résistance au lessivage, les effets sur les autres pathogènes, la réglementation, la gestion des traitements en fonction de la pression mildiou ? Accédez à la suite de l’article et plus encore, d’un simple clic : Protection de la vigne contre le mildiou : Le cuivre n’a pas dit son dernier mot.