Procès le 16 juillet pour Benjamin Bories et Florent Allier. Après 24 heures de garde à vue, les deux viticulteurs languedociens sont sortis libres, sous contrôle judiciaire limité, du palais de justice de Montpellier ce 22 mai. Convoqués en gendarmerie au matin du 21 mai (de même que Martial Bories, Gérard Bancillon et Jean-Marie Trémoulet), Benjamin Bories, 40 ans, viticulteur à Servian, dans l’Hérault, et Florent Allier, 42 ans, viticulteur à Aspères, dans le Gard, ont été placés en garde à vue pour violation de propriété privée au domicile de Jacques Gravegeal, au petit matin du 6 avril dernier, à Campagne (Hérault), dont il est le maire. Ce dernier avait déposé plainte après l'intrusion.
Martial Bories a accueilli son fils Benjamin à sa libération - OB
Transférés au palais de justice de Montpellier ce 22 mai à 8h30, les deux viticulteurs ont reçu le soutien d’une cinquantaine de leurs homologues gardois et héraultais qui ont patiemment attendu leur libération devant le tribunal aux alentours de 12h30. De toutes les luttes historiques, le vigneron héraultais Jean Huillet avait même fait le déplacement jusqu’au palais de justice. « Je suis scandalisé par ce comportement incompréhensible d’un responsable d’interprofession qui va mettre au tribunal ses pairs », a-t-il tancé. Sous les acclamations de leurs soutiens, la sortie des deux vignerons est arrivée après comparution devant le procureur de la République de Montpellier, puis le juge des libertés qui a prononcé leur libération sous contrôle judiciaire réduit (interdiction d’entrer en contact l’un avec l’autre, avec Jacques Gravegeal et son épouse ou à leur domicile, mais pas d’obligation de pointage hebdomadaire en gendarmerie).
Benjamin Bories et Florent Allier sont sortis du palais de justice sous le soutien de leurs confrères. Maître Gauer a commenté le dossier


Qualifiée de « politique » par les soutiens présents sur le parvis, la garde à vue des deux viticulteurs a surtout été qualifiée « d’injuste » par les deux protagonistes. Les suspicions allaient bon train parmi les rangs des viticulteurs venus soutenir, n’hésitant pas à évoquer « le bras long » du maire de Campagne pour faire appuyer sa plainte dans les plus hautes sphères ministérielles. « La protection d’un maire est tout à fait normale, il n’y a aucun problème avec ça, mais ce n’est pas le maire mais bien le responsable professionnel que les viticulteurs sont venus rencontrer le 6 avril », appuie Jean-Marie Tremoulet, qui explique ne pas avoir été présent ce jour-là. Benjamin Bories a reconnu sa présence (alors que Florent Allier la nie), tout en expliquant « ne pas voir enfreint la propriété privée, on a sonné, on nous a dit que Monsieur Gravegeal était absent, merci, au revoir », a-t-il répété. « Un paysan qui porte plainte contre un paysan, c’est terrible ! Mais que la viticulture s’en sorte au moins » a lancé Florent Allier à sa sortie du palais de justice.
Florent Allier aux côtés de Me Gauer - OB
D’ici le 16 juillet, Jean Huillet, tout comme Benjamin Bories, ont appelé tous les viticulteurs au calme et éviter tout débordement. De leurs côtés, Jean-Marie Trémoulet et Martial Bories entendent déposer plainte pour diffamation contre Jacques Gravegeal, alors qu’ils indiquent ne pas avoir été présents le 6 avril. Benjamin Bories et Florent Allier étaient défendus par deux pointures du barreau de Montpellier, respectivement maîtres Jean-Robert Phung et Gilles Gauer. « Le dossier est vide, et rien ne peut être reproché à des gens qui sont venus pour discuter, à l’exception d’être venus tôt le matin, mais qui sont repartis dès qu’on le leur a demandé », a terminé Jean Huillet.
Au côté de Jean-Marie Tremoulet (à dr.), Jean Huillet a fait le déplacement pour soutenir les deux viticulteurs.