’où vous vient l’envie de travailler avec les chevaux ? Avez-vous dû investir pour revenir à cette pratique ?
Vincent Delanoue : Nous avons toujours eu des chevaux sur le domaine. Cela fait partie de nous, de notre identité, nous n’avons jamais craint de manipuler un cheval, car nous l’avons toujours vu faire. Les chevaux font partie de notre quotidien et nous permettent de proposer des tours de calèche dans les vignes et de travailler une partie de nos sols en parcelle. Nous en avons quatre : deux percherons, et deux comtois. Sur ces quatre chevaux, les deux percherons, Utopie et Quick font de l’attelage et la comtoise, Neptune, fait un peu de travail en vigne ainsi que de de l’attelage. Notre petit dernier, Nuba, commence à apprendre le travail dans les vignes.
Vos chevaux sont installés au domaine. Comment travaillez-vous et vous organisez-vous avec eux ?
Nous ne travaillons que les plantations au cheval. Nous avons environ 2 ha de plantes par an dont nous devons nous occuper. Nous entretenons également les rangs étroits, les bords de clôtures et les doubles rangs mitoyens trop étroits pour passer en tracteur. Cela équivaut à une douzaine de journée de travail au cheval par an. A côté de cela, nous proposons une vingtaine de sorties en calèche : cela permet d’expliquer notre métier au travers des balades. C’est un plaisir de reproduire les gestes d’antan transmis par nos ancêtres. De plus il y a un feeling avec le cheval qui est unique. Chacun d’entre eux a sa personnalité, ses craintes, ses forces.
Chez nous, nous avons 6 ha de près réservés aux chevaux. De plus, nous faisons les foins nous-mêmes. Autant dire que lorsque cela tombe pendant la période d’accolage, ça peut être compliqué à gérer. On peut compter environ 1 000 € qui sortent pour le vétérinaire et le maréchal ferrant. Bon clairement, par rapport au modèle que nous avons choisi d’établir : ça nous coûte plus que ça ne nous rapporte. Pour contre balancer, nos surfaces de prairies et de végétation viennent égayer nos paysages de vignes. De plus le fumier de cheval sert à fertiliser les parcelles qui peinent le plus.
Nous ne faisons pas l’apologie du travail au cheval, car nous savons combien cela peut être compliqué en termes de gestion de devoir prendre en charge ces partenaires à crinière ! Il faut que cela reste avant tout un plaisir et surtout pas une contrainte. Nous organisons nos chantiers afin de ne pas déroger à ce principe.
Cette notion de plaisir ressort beaucoup dans votre discours. Quel est votre définition du plaisir à travailler avec le cheval ?
La notion de plaisir est importante, bien que tout ne soit pas toujours qu’un plaisir (comme faire les foins, changer les chevaux de pré, payer les factures du vétérinaire et du maréchal). Si on porte cette pratique dans nos cœurs et dans nos gestes c’est parce que notre père nous l’a transmis et nous voulons le transmettre à notre tour. Quand les enfants réclament à sortir le cheval on le fait ! Le cheval ça recrée du lien entre les gens. Par exemple, lorsque vous êtes dans une parcelle on peut discuter avec les personnes qui passent. C’est plus compliqué en tracteur !
Que conseilleriez-vous à un viticulteur souhaitant entamer ce type de travail ?
Pour commencer cette pratique, je pense qu’il faut se rapprocher d’un confrère vigneron qui pratique le travail au cheval ou d’une personne qui a des chevaux. Dans cette approche, il doit y avoir un rapport humain de transmission et de partage. On peut aussi imaginer passer un peu de temps avec un prestataire qui pratique pour essayer et tester son rapport à l’animal. Il ne faut encore une fois pas oublier cette notion de plaisir et d’équilibre dans ce travail pour éviter de se dégoûter comme certains de nos grands-parents ont pu l’être à l’époque. Aujourd’hui nous avons les moyens de faire appel au bon sens et à l’optimisation des pratiques !