lexandre Davy est intervenu lors d’un webinaire organisé ce 2 mai par le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) pour faire un point de situation sur l’état sanitaire du vignoble. « En date du 30 avril, un tiers des 47 témoins non traités (TNT) que nous suivons sur l’ensemble de la Gironde présente au moins un symptôme de mildiou avec une fréquence de feuilles attaquées de 1,4%, décrit le chargé d'expérimentations pour l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). Sur notre réseau de 56 parcelles en production et possiblement déjà traitées, c’est une parcelle sur deux qui est touchée avec une fréquence de 3% ».
Ces chiffres cachent de grandes disparités. « Nous voyons du mildiou un peu partout dans la zone du libournais de manière fréquente voire très fréquente. Même chose dans les Graves, tandis que les spots sont plus épars dans le Médoc » continue Alexandre Davy.
Les premiers symptômes sont apparus de manière exceptionnellement précoce le 22 avril, « deux à trois semaines plus tôt que lors des millésimes 2020 et 2023 qui nous considérions déjà en avance ! » Alexandre Davy explique le phénomène par la douceur et la pluviométrie de l’hiver. « Il est tombé 950 mm à Saint-Emilion de septembre à avril 2024, contre 544 mm en moyenne depuis 2010 et fait 1,3°C de plus ».
Toujours à Saint-Emilion, l’ingénieur estime que les premières contaminations sont arrivées avec les pluies des 7, 8, et 9 avril. « Certains se demandent même si elles pourraient ne pourraient pas dater des 80 mm tombés fin mars car les vignerons ont vu des symptômes apparaître aussi bien sur les parcelles traitées avant les pluies du 7 avril que sur les parcelles non traitées » témoigne Alexandre Davy. Lui pense que si des symptômes sont apparus sur les parcelles protégées c’est parce que les traitements du jeudi 4 ou du vendredi 5 avril ont eu lieu sur des vignes peu poussées, en moyenne à 2 ou 3 feuilles étalées, avec 80 ou 90% de pertes de produits, et que la surface foliaire a quasiment doublé en 3 jours du fait de la douceur de la météo.
Après la baisse des températures ces 15 derniers jours, Alexandre Davy s’attend de nouveau avec le retour de la chaleur et des pluies à voir des sporulations et repiquages sur les parcelles atteintes par le mildiou. Il prévoit aussi une généralisation des contaminations épidémiques sur le reste du vignoble bordelais et conseille aux vignerons de resserrer leurs cadences de traitement en augmentant les doses et en adaptant le débit des buses pour privilégier la zone fructifère à la zone du haut du feuillage.