our lutter contre la flavescence dorée, la Bourgogne ne lésine pas sur les moyens. Depuis 2020, les vignerons encadrés par la Fredon réalisent deux prospections par saison dans les zones nouvellement contaminées où des ceps isolés, ou des foyers naissants, ont été découverts l’année précédente. L’objectif : éliminer au plus tôt les sources potentielles de contamination pour éviter la dissémination de la maladie.
En clair, dès la deuxième quinzaine de juillet, les vignerons passent une première fois dans les parcelles concernées pour repérer les premiers symptômes de la maladie. Ils marquent les pieds suspects, puis une fois les feuilles prélevées pour les analyses, ils éliminent ces ceps sans attendre la confirmation qu’ils soient bien atteints de flavescence dorée. Cela permet de diminuer l’inoculum.
En septembre, une fois que tous les symptômes sont extériorisés, les vignerons réalisent la prospection classique. Ils repèrent à nouveau les pieds suspects et les arrachent. « La double prospection implique une mobilisation supplémentaire des vignerons mais qui est dans leur intérêt », indique Marie-Charlotte Paput, directrice de la Fredon Bourgogne.
C’est sur la commune de Premeaux-Prissey en Côte-d’Or que cette pratique a démarré. « En 2019, on a découvert un nouveau foyer sur une zone d’environ 60 ha délimitée par une voie ferrée, expose Marie-Charlotte Paput. Comme ce secteur était bien délimité géographiquement, on s’est demandé ce que l’on pouvait faire pour limiter l’expansion de la maladie. Et on a démarré la double prospection en 2020. Comme les symptômes apparaissent un an après la contamination, on a noté une progression logique de la maladie en 2020 avec 27 échantillons positifs contre une dizaine l’année précédente. Mais en 2021, grâce à la double prospection, on est retombé à 11 échantillons contaminés. Chaque année, on note l’évolution de la maladie sur des cartes. Et on constate un net effet de la double prospection, avec une reconcentration du foyer sur sa zone initiale ».
L’expérimentation étant concluante, cette double prospection est désormais réalisée sur une quinzaine de communes de Bourgogne. Marie-Charlotte Paput précise toutefois, qu’elle s’inscrit dans une stratégie globale de lutte qui inclut les traitements insecticides obligatoires, le traitement à l’eau chaude des plants et le nettoyage des engins (enjambeurs, rogneuses) pour les débarrasser des débris végétaux, ceux-ci pouvant contenir des cicadelles porteuses du phytoplasme. Cette double prospection est demandée par les professionnels (CAVB) et soutenue par les services de l’État (Draaf-SRAL).
En Bourgogne, les populations de Scaphoïdeus titanus, la cicadelle vectrice de la flavescence dorée sont élevées. « Sur l’ensemble d’une saison, on peut capturer jusqu’à 2000 cicadelles par piège. Chez nous les niveaux de population ne sont donc pas un facteur limitant pour la dissémination de la maladie. Dès qu’un pied est contaminé, des cicadelles peuvent se nourrir dessus et propager la maladie aux ceps voisins. D’où l’intérêt d’éliminer rapidement les pieds malades », rapporte Marie-Charlotte Paput, directrice de la Fredon Bourgogne-Franche-Comté.