u’ils officient en Chambre d’agriculture ou dans un centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (Civam), les techniciens viticoles du Languedoc-Roussillon en ont assez de voir des vignerons perdre leur récolte lorsqu’ils s’essayent aux couverts végétaux.
« Beaucoup se lancent et se plantent après avoir regardé de simples vidéos sur internet donnant des solutions universelles. Certaines parcelles sont irrécupérables ! » regrette Nicolas Dubreil, cosignataire d’une tribune visant à rappeler que la gestion des couverts ne doit pas être la même en climat méditerranéen qu’en climat océanique.
Ciblant implicitement des vidéos trop catégoriques d’organismes comme Ver de terre production et des slogans trop sentencieux tels que « sols couverts, sols prospères », Nicolas Dubreil et ses confrères recommandent aux vignerons languedociens la plus grande précaution.
Contactée par Vitisphere, la direction de Ver de terre production rappelle que son objectif est de partager des retours terrain. « Nous ne sommes pas une entreprise de conseil et nous sommes bien conscients qu’il n’y a pas de règle absolue. Ce qui marche chez Michel peut très bien rater chez Francis » admet-elle, avant d’expliquer que cette tribune lui a donné l’idée de publier des vidéos sur la gestion des risques en entreprise.
Au domaine des Maëls, dans l’Aude, Frédéric Schwertz s’est fait dépasser il y a cinq ans en semant des graminées, des légumineuses et des crucifères tous les rangs sur 15 hectares. « La vigne a souffert d’un manque d’eau et d’azote. J’ai eu des soucis lors des fermentations et des bois de taille très faibles » se rappelle-t-il.
Pour éviter la concurrence, il ne sème plus que tous les deux rangs sans graminées. « Je les ai remplacées par des apports de déchets verts. J’ai aussi abandonné la tonte et le roulage pour des disques qui grattent à 5 cm et avancé la destruction du mois d’avril au mois de mars pour que la vigne profite de toutes les pluies » témoigne-t-il.


Viticulteur formateur depuis plusieurs années pour Ver de terre production, François Dargelos est complètement d’accord avec la tribune des techniciens. « Je suis d’ailleurs en train de préparer une présentation pour Viti-concept en Champagne sur le thème "Semer tôt pour détruire tôt" » sourit-il. Revenant d’une intervention dans le Beaujolais, il rapporte avoir discuté avec des viticulteurs n’ayant rien vendangé l’an passé après avoir attendu que leurs céréales soient en pollen pour rouler. « Notre objectif est de produire du raisin, pas de l’herbe, et nous devons faire bien attention à adapter ce que nous racontons aux potentiels des sols des gens que nous rencontrons ».
Il s'agit d'une nouvelle polémique sur les vidéos et formations de Ver de Terre production après celle sur la taille ayant opposé ses experts avec François Dal de la SICAVAC cet hiver.