ans le flux, « plusieurs courants de taille émergent. Or les plantes n’aiment pas les modes, elles répondent aux lois de la nature » lance François Dal dans une vidéo de 20 minutes publiée sur Youtube et largement reprise sur les réseaux sociaux à la mi-décembre. « Sous couvert d’un discours scientifique », le spécialiste sancerrois de la méthode Poussard estime que la taille douce physiologique, développée par la « corporation des Architectes du vivant » emmenée par Marceau Bourdarias, met la pérennité de la vigne « en danger ».
Il se dit effrayé du travail d’épamprage et surtout de l’allongement des ceps engendré par cette méthode et insiste sur la nécessité de respecter les flux de sève. « Je n’arrive pas à comprendre que les Architectes du vivant ne se basent que sur l’activité du cambium et la création de bois, alors que les plantes les plus vigoureuses sont les plantes qui meurent le plus ».
Selon François Dal, Marceau Bourdarias a tort d’affirmer que les nécroses issues des coupes sur des bois de plus de deux ans vont jusqu’aux racines. Selon lui, « un bois de trois ans ou plus ne dessèche jusqu’aux racines que si le viticulteur laisse un gourmand dont la longueur fait moins du tiers du diamètre de la branche éliminée » reprécise-t-il.
Le conseiller du Sicavac n’est pas non plus d’accord avec le concept de perte d’« étanchéité » encourageant les viticulteurs à laisser un deuxième courson pour que le nouveau bois continue à couvrir tout le squelette de la vigne.
« Laisser une couronne supplémentaire n’empêche pas le dessèchement. L’important est de laisser un cône de dessication assez grand pour ne pas gêner le flux de sève en dessous du diaphragme. Sur les cépages sensibles aux maladies du bois, il ne faut pas hésiter à laisser des chicots plus longs que le diamètre de la branche coupée ».


François Dal regrette aussi le choix des architectes du vivant de choisir systématiquement le sarment le plus haut lors de la taille de la première année. Selon lui, cette façon de procéder crée « de vrais goulots d’étranglements ». Le conseiller sancerrois finit sa vidéo en encourageant les vignerons à expérimenter de nouveaux modes de taille mais déconseille de le faire sur de trop grandes surfaces « pour ne pas regretter dans quelques années avoir suivi des préceptes non validés ».
N'ayant pas répondu aux sollicitions de Vitisphere, Marceau Bourdarias a répondu à François dans une vidéo d’1h que choisir le sarment le plus haut et le mieux orienté (pour ne pas gêner le passage des outils interceps) permet de conserver la couronne et d’éviter les tailles mutilantes. « François Dal se trompe dans sa manière d’expliquer la circulation des flux de sève. La sève ne circule pas que dans la partie inférieure des bras. Les cordons peuvent être placés ailleurs ! » insiste-t-il.
Aux critiques sur l’allongement, il rétorque qu’il est impossible de toujours bien laisser le courson sous la baguette du fait du pivotement annuel de 45° des rameaux et du changement d’orientation des bourgeons. « Nous n’avons pas une vision libérale de l’allongement, mais pour bien le gérer, il faut d’abord l’accepter. L’allongement n’est pas un problème physiologique et je ne connais pas de vieille parcelle avec des ceps très courts » clame-t-il.
Marceau Bourdarias indique que la vigne ne peut pas suivre le palissage et rester droite dans le rang si elle est systématiquement taillée au premier œil franc. Pour éviter l’entassement de la végétation et obtenir une bonne surface foliaire exposée, il suggère aux viticulteurs d’opter pour un guyot à un seul bras et de plier les baguettes dans le même sens.


Ayant pris connaissance de cette « querelle d’experts », le jeune retraité de l’Institut agro de Montpellier Alain Deloire renvoie tout le monde dans les cordes et regrette la « complexification par de la "pseudo-science" de la taille ». L’opération culturale doit selon lui avant tout rester simple à mettre en œuvre lorsqu’un ouvrier doit tailler 600 ceps par jour.