estituer la matière organique au sol, reconstituer un stock de carbone, supprimer les émissions de particules fines… Autant d’arguments en faveur du broyage des sarments. Autant de raisons pour la chambre d’Agriculture de Côte-d’Or d’organiser une journée sur ce sujet. Le 6 mars, elle a rassemblé une dizaine de broyeurs sur une parcelle de Marsannay-la-Côte. Sous le soleil encore froid de cette fin d’hiver, une quarantaine de vignerons se sont déplacés pour les voir à l’œuvre. Parmi toutes ces machines, quatre ont retenu notre attention pour leur performance ou leur singularité.
D’abord, du lourd ! En l’occurrence, le Naotec BHH 500 monté à l’avant de l’enjambeur à chenille Drago. Ce broyeur à marteaux pèse près de 215 kg et travaille sur 500 mm de large. À l’arrière de son rotor, un râteau calibre les broyats en ramassant les sarments et en les maintenant sous les coups des marteaux tant qu’ils n’ont pas été déchiquetés. « À l’avant une roue, permet de régler la hauteur de travail, décrit Vincent Lafoy, responsable commercial Alabeurthe, le concessionnaire venu présenter cet ensemble. Balai et ameneur sont en option ».
Ce broyeur produit un broyat assez grossier. « On a peu de demandes pour faire du broyat fin, justifie l’exposant. Les clients souhaitent une dégradation lente des bois, avec une libération lente de leurs éléments ». Cette association BHH 500 + Drago doit fournir un haut débit de chantier. Le broyeur Naotec s’adapte aussi à un chenillard et coûte 10 000 € min.
Ensuite, des montages plus légers. Amos Industries est venu avec son nouveau Bropop, installé sur quatre chenillards différents, histoire de montrer qu’il s’adapte à tous les porteurs. Deux d’entre eux sont partis au travail : le Niko Hy de 40 ch et le Honda HP 500 de 18 ch. Dans les deux cas, Bropop n’a fait qu’une bouchée des andains composés des sarments de quatre rangées, laissant derrière lui des débris d’environ 6 à 12 cm de long.
Issus de trois ans de développement, Bropop pèse 150 kg et existe en deux versions de 50 cm ou 60 cm de largueur de broyage. Deux balais rotatifs à l’avant (en option) dirigent un maximum de sarments vers l’ameneur à axe horizontal qui les pousse sous un rotor à fléaux. Une cage calibre les déchets. La vitesse de rotation du balai, de l’ameneur et du rotor se règle hydrauliquement.
« On a choisi les fléaux pour cette démo car la parcelle est très caillouteuse, précise Thierry Bolot, responsable technique Faupin, distributeur d’Amos Industries. Mais on propose aussi des marteaux pour broyer des bois plus gros ». Ce broyeur consomme 40 l/min d’huile. Il travaille entre 1,5 et 2,5 km/h. Prix : à partir de 13 500 €.
Alabeurthe a présenté une tout autre solution : une déchiqueteuse de végétaux Ohashi ES 131 GH, animée par un moteur Honda à essence de 14 ch. Ici, il faut être au moins deux à la manœuvre : un qui ramasse les sarments pour les apporter dans la déchiqueteuse, l’autre qui pilote cet engin autoporté sur une chenillette.
« Cette déchiqueteuse de 73 cm de large a été conçue pour la filière parcs et jardins, explique Cyril Ledu, commercial Alabeurthe. Mais nous l’avons adapté à la vigne en relevant le gavage et en modifiant le poste de conduite ».
Au fond de la trémie, un ameneur alimente un rotor à fléaux et à marteaux. Le broyage à lieu dans une chambre fermée par une grille à maille de 30 mm. Les déchets, très fins, sont expulsés par une soufflerie environ 2 à 3 m devant la machine. « Nous avons d’autres tamis plus fins avec lesquels on risque de bourrer davantage », commente Cyril Ledu. Prix de l’ensemble, à partir de 16 000 €.
Tout aussi original, en viticulture du moins, le broyeur autoporté Orec HRC663 à chenilles présenté par le distributeur Imi Jardin. Comme le précédent, cet engin est uniquement dédié au broyage. Mais il suffit d’une personne pour le conduire. D’apparence légère et maniable, ce broyeur s’est avéré sportif à piloter sur la parcelle de démonstration. Le chauffeur a sans cesse dû appuyer sur le guidon pour lever l’avant de l’outil afin d’éviter les grosses pierres de cette parcelle très caillouteuse ou d’avaler les andains hauts et étroits auxquels il avait affaire. Faute d’hydraulique, « il n’y a ni balai ni ameneur, précise Arnaud Guillot, commercial Imi Jardin, mais cet outil bénéficie d’un râteau pour remonter les sarments ». Le rotor est équipé de fléaux. La hauteur de coupe se règle au moyen d’une manivelle. Après son passage, cet Orec a laissé des résidus grossiers de 10 à 15 cm. Prix, léger lui aussi : 7 k€.
D’après l’observatoire des pratiques culturales de la CAVB (la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne), 43 % des vignerons brûlent toujours les sarments alors que 48 % les broient et que 5 % les exportent pour les composter ou les brûler comme bois de chauffage. « Le brûlage est une technique historique mais avec des conséquences sur la qualité de l’air, observe Léa Ballorin, conseillère à la Chambre de Côte-d’Or. Les communautés de communes sont sensibles au sujet. Il y a un enjeu riverains ». « D’où la nécessité de faire cette démonstration, pour montrer qu’il existe une diversité de broyeurs pour remplacer le brûlage des sarments », explique Amandine Enaux, technicienne adaptation du vignoble à la CAVB.