près deux ans de présence sur le portail de réservation Ruedesvignerons.com, le domaine de Sainte-Marie situé à Arlay, dans le Jura, dresse un bilan positif de cette expérience. « Plus d’une centaine de personnes ont participé à nos activités par le biais de ce site en 2023 contre une cinquantaine l’année d’avant, indique Gaëlle Marie, assistante de direction. Ce flux de visiteurs représente 10 % de la clientèle du caveau. Nous voyons des Français et des étrangers qui ont envie de découvrir le vin. »
Selon Gaëlle Marie, les touristes ont pris l’habitude de chercher en ligne des occupations près de leur lieu de villégiature. L’œnotourisme en profite. Surfant sur ce phénomène, des acteurs tels que Rue des Vignerons, Winalist, Wine Tour Booking, Les Grappes, etc., se sont lancés.
C’est Rue des Vignerons qui est entré en contact avec le domaine de Sainte-Marie. L’équipe est ensuite venue sur place pour découvrir ses activités. Sainte-Marie organise des visites de chai couplées à des dégustations comprenant une horizontale de savagnin, sa spécialité. Les propriétaires de ce domaine l’ont relancé en 2020. Ils avaient besoin de se construire une clientèle. La proposition de Rue des Vignerons est tombée à pic.
« Nous avons fourni textes et photos au site qui les a mis en pages, précise Gaëlle Marie. Nous recevons un mail pour chaque réservation et un rappel une heure avant. » L’adhésion est gratuite et sans engagement. La plateforme prend 15 % de commission sur les prestations supérieures à 37 € HT par personne. Sur les autres, elle prélève 5,60 € HT par entrée. « Ce n’est pas neutre, reconnaît Gaëlle Marie. Toutefois, ces visites s’achèvent presque systématiquement par des ventes, ce qui compense les coûts de la plateforme. »
Le domaine de la Monardière basé à Vacqueyras (84) a lui aussi rallié Rue des Vignerons il y a deux ans. « Ils nous ont contactés au moment où nous mettions en place notre offre œnotouristique », indique Maryem Estournel, responsable commerciale. L’an dernier, 112 personnes sont venues au domaine par ce canal. « C’est une clientèle différente de nos habitués, observe Maryem Estournel. Ils ne s’y connaissent pas forcément en vin, ce sont avant tout des curieux. » Ici aussi, ces visiteurs repartent avec des emplettes. Néanmoins, leur panier moyen est inférieur à celui de la clientèle fidèle qui dépense 100 à 150 € en moyenne. « Leurs achats n’ont représenté que 5 % du chiffre d’affaires du caveau en 2023 après déduction de la commission prise par le site, calcule la responsable. Mais, cela nous apporte de nouveaux clients et de la visibilité. »
Même les vignerons les plus aguerris à l’œnotourisme ont sauté le pas. C’est le cas du Château de Bonhoste, à Saint-Jean-de-Blaignac (33), inscrit sur Winalist depuis trois ans. « Nous proposons de nombreuses expériences comme des tours en golfette, des pique-niques dans les vignes, un escape game dans le chai, etc., détaille Sylvaine Fournier, la propriétaire. Les gens peuvent réserver directement sur notre site. De plus, trois offices de tourisme présentent nos prestations sur leur site et nous en faisons la promotion auprès d’autres acteurs du tourisme ainsi que sur les réseaux sociaux. »
Winalist lui a rapporté 350 visiteurs l’an passé, soit 10 % de son visitorat. « Nous recevons les demandes de réservation par mail et nous les rentrons dans notre calendrier. La plateforme prend 15 % sur les prestations. Cela reste intéressant car nous avons reçu de nouveaux clients, des étrangers en particulier », souligne-t-elle.
L’an passé, un importateur américain a ainsi visité le domaine en famille. À son retour, il a passé commande. Sylvaine Fournier ajoute qu’elle est mieux organisée depuis qu’elle est sur Winalist. « Nous avons dû définir des plages horaires, le nombre de personnes à partir desquelles nous organisons nos activités… », indique-t-elle.
À Lansargues, dans l’Hérault, L’Enclos de la Croix mise à fond sur ces plateformes. « Nous sommes présents sur Winalist, Rue des Vignerons et Les Grappes depuis cinq ans, déclare Éléonore Le Breton, chargée de la vente au caveau. Il y a de plus en plus d’offres œnotouristiques partout en France. Il faut donc être sur les sites où les gens réservent leurs vacances. » Sur les 2 000 personnes qui viennent au domaine chaque année, plus de la moitié est passée par les trois plateformes d’œnotourisme. Il faut dire que l’offre de ce domaine est originale. En plus de la vigne, il dispose d’un potager, héberge des animaux de la ferme et propose des excursions en 2 CV. De quoi appâter les internautes.
Les Vignerons indépendants sont en train de créer un outil de réservation en ligne pour leurs membres. « Aujourd’hui, nous recensons l’offre Å“notouristique de nos adhérents sur notre site vigneron-indépendant.com, indique Christophe Chevré, animateur du réseau des fédérations. Pour réserver une activité, les internautes sont obligés d’aller sur le site du domaine qui les intéresse. Nous voulons supprimer cette étape pour qu’ils puissent réserver directement depuis notre site et que cette réservation s’inscrive dans l’agenda du domaine concerné. Notre module pourra se plugger sur les autres plateformes de réservation en ligne : offices du tourisme, booking.com… Cet outil sera prêt dans le courant de l’été. »