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lors que Vitibot sort de son usine son 150ème enjambeur électrique autonome Bakus, l’écosystème de la robotique viticole n’en finit pas de donner des naissances. Mais plutôt que d’avancer des concepts, les fabricants semblent désormais se focaliser de prime abord sur l’usage. A l’image de Kubota qui avec le spécialiste espagnol de la pulvérisation Fede annonce dans une vidéo postée sur Youtube l’arrivée du robot thermique de pulvérisation KFast. Visiblement proposé dans un premier temps pour l’arboriculture, le KFast – pour Kubota Fede Autonomous Sprayer – est décrit comme « un robot automatique de pulvérisation de haute précision pour les cultures spécialisées. KFast ajuste l'application sur la végétation avec un contrôle individualisé des buses en maintenant constamment la pression et le débit d'application avec une distribution et un dépôt homogène du traitement ». En effet, le capteur AIs de Kubota placé à l’avant du robot permettrait de prendre des images de densité de végétation qui, une fois analysées, serviraient à moduler et couper le traitement. D’après le commentaire d’Agreenculture paru sous la vidéo, la start-up française participerait au développement de la partie robotique et guidage avec deux GPS et laser de cette automoteur autonome.
Doté de quatre roues motrices, le KFast est le premier aéroconvecteur autonome. Il vient d’obtenir le prix de la nouveauté technique au salon agricole international Fima qui s’est tenu cette mi-février à Saragosse. Parmi ses autres spécifications, le robot est capable de retourner tout seul à la station de remplissage. Selon des essais terrain réalisés dans le cadre du projet LIFE-AIs, des économies dans l'utilisation de pesticides allant jusqu'à 40% seraient tenables avec l’utilisation de cartes de modulation intra parcellaire. Enfin, Fede indique que « les indicateurs générés par la capture d'images sur le robot offrent des données sur l'état de la plantation, des informations précieuses qui peuvent être utilisées par des tiers pour proposer leurs services agronomiques ».

De son côté, le fabricant français Naïo Technologies se penche sur la traction et le sol. Lors du salon de la robotique Fira qui s’est tenu près de Toulouse ce début février, il a annoncé nouer un partenariat de R & D avec le spécialiste des chenilles Camso, intégré depuis plus de 4 ans au groupe Michelin. « Ce travail vise à adapter des chenilles sur les robots agricoles pour plus de portance, plus d’accessibilité et de flexibilité sur le terrain, en réduisant les émissions de carbone, partagent les deux sociétés. Les équipes R&D de Naïo et celles de Camso ont avancé ensemble sur un avant-projet de chenilles à entraînement électrique ».

En photo : Caroline Schoenhenz, chef de lignes produits chez Camso/Michelin et Gaëtan-Séverac, co-fondateur de Naïo Technologies
Dans les faits, Naïo apporte sa maîtrise des technologies de l’autonomie. De son côté, Camso met à disposition son savoir-faire dans les matériaux spécifiquement conçus pour répondre aux besoins du marché agricole. Les entreprises expliquent ainsi que dans un contexte de recours accru aux passages de machines pour le désherbage mécanique, naît le défi de réduire au maximum l’impact des trains roulants sur le sol, « sans compter les aléas météo, plus nombreux, qui peuvent empêcher l’ensemble tracteur-outil, trop lourd, d’intervenir dans les parcelles ». Naïo Technologies précise qu’il a toujours visé une masse totale à vide de ses robots la plus basse possible et souhaite aller encore plus loin pour réduire la compaction à chaque passage. Les technologies développées par Camso dans le cadre de ce partenariat pourront être déployées, à moyen terme, sur les robots de Naïo Technologies mais également sur d’autres machines agricoles.
Pragmatique, le voisin aveyronnais Siza Robotics dévoile au Sival puis au Fira son robot Toogo multifilières. Utilisable en vignes larges, cet engin autonome électrique dispose d’une voie variable allant d’1,5 à 2,2 m. Autre signe distinctif, sa polyvalence. Il est sensé accepter les outils interligne du domaine pour attelage de catégorie 2, notamment pour semer, biner, exécuter un travail du sol superficiel ou son entretien. Sa capacité de levage atteindrait même 1,4 t ! Un autre point fort avancé par ce nouveau constructeur est le guidage des outils sur le porte-outil. Guidé par satellite et Lidar, et à motricité électrique, l’autonomie du robot Toogo atteindrait 12h, dans une version, au choix, deux ou quatre roues motrices. La vitesse d’avancement dans les rangs pourrait atteindre voire dépasser les 5 km/h. Son poids resterait sous les 2 t pour pouvoir être transporté sur remorque. Une première pré-série est en cours de commercialisation. Too good Toogo ?

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