E
ncore de l’inédit. Après une édition riche en 2023, le Forum international de la robotique agricole, plus connu sous le nom de Fira, surprend toujours. Ces 6, 7 et 8 février, sur le campus de l’Agrobiopôle près de Toulouse, l’écosystème de la robotique agricole montre son savoir-faire. Les robots viticoles sont de la partie. Une fois de plus, de nouveaux développements sont dévoilés.
Le plus surprenant est certainement le projet de la start-up Robotic Perception, née en Israël il y a trois ans. Dès que son Spero bouge, une foule se masse devant ce bras robotisé que cette société vient de mettre au point. Installé sur une plateforme à l’avant d’un tracteur New Holland T4.90 N, il anime à son extrémité les lames d’un sécateur de taille ! Première en France, cette démonstration est un premier pas pour la taille robotisée. Le bras à 5 axes de mouvement se meut à partir de consignes données par des algorithmes et une intelligence artificielle. Ce système s’appuie à la fois sur l’observation des ceps, sur des modèles et sur son propre apprentissage. Si un seul bras de taille est ici monté sur le tracteur, à terme, le prototype comportera au moins 4 Spero.
Mais déjà , avec un seul bras, le résultat reste timide. Le robot met du temps à chercher puis trouver les sarments et les tailler. « Il faut encore apprendre au système à bien repérer les sarments à couper, accorde Yoav Banitt, le fondateur de la start-up. Puis on pourra monter plus de bras robotisés. L’objectif est d’avancer au rythme d’une équipe de taille de 4, et de proposer cela en prestation ». Pour l’heure, on assiste encore à des coups d’épée dans l’eau. Affaire à suivre.
Autre démonstration, plus efficace, celle de l’association portugaise Inesc Tec, qui avait déjà présenté par le passé son robot Scorpion de pulvérisation, et qu’elle a à nouveau amené. Le « petit nouveau » s’appelle Modular-E. Il s’agit d’un petit rover porte-outil électrique qui se déplace de façon tout à faut autonome sur 4 roues. Lors de ce Fira, il évolue dans des rangées de vignes artificielles équipé d’un combiné d’une scie mécanique à l’avant et d’un distributeur d’engrais de précision pour le rang de capacité 200 kg à l’arrière. Le résultat d’un partenariat avec le constructeur Herculano, lui aussi portugais. « Cet épandeur ne déverse l’engrais qu’aux pieds des ceps, précise João Amaro, responsable produit. Le Modular-E peut recevoir d’autres outils, pour la pulvérisation ou la surveillance de la vigne ». Son avantage est son petit format passe-partout, 1,2 m de large, le peu d’espace exigé pour les demi-tours, environ 1 à 2 m, et sa capacité à gravir les pentes. En fonction de sa vitesse d’avancement, ce Modular-E présente une autonomie de 4 à 8 h. Il se charge en 2h. Il est guidé à l’aide de deux GPS RTK et d’un Lidar, qui prend aussi en charge la sécurité.

Tout aussi à l’aise est le petit format conçu par Aigro. Originaire des Pays-Bas, de seulement 55 cm de large, le robot Up est un petit porte-outil autonome qui tond. Ce petit gyrobroyeur à lame électrique contient deux batteries remplaçables et possède une autonomie de 8 à 10 h. Il est déjà commercialisé à 30 k€ l’unité, 45 k€ avec batteries chargeurs et tondeuse. Sur le Fira, ce compact Up se faufile et tond avec facilité et agilité entre les rangs, à une vitesse de 3,6 km/h maxi. Guidé par GPS RTK et par camera, il est complètement autonome sure tout son parcours. Une application pour smartphone permet de visualiser ses paramètres et de le contrôler. Aigro garantit qu’il gravit des pentes allant jusqu’à 7 à 8 %. Il est proposé avec 4 roues motrices en option. Ses concepteurs expliquent qu’il ne doit être consacré au maximum qu’à une vingtaine d’ha. Come on up !

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