’est un dossier qui n’est pas fait pour réconcilier les viticulteurs et les écologistes. Les vignerons de l’Ouest montpelliérain ne décolèrent pas contre le projet de Montpellier Méditerranée Métropole de transformer certains chemins communaux en voies vertes. S’ils reconnaissent louable l’idée de sécuriser ces voies pour que collégiens et lycéens puissent se rendre à vélo dans leurs établissements, ils contestent l’option choisie par la métropole montpelliéraine. Et ils l’ont vertement fait savoir lors d’une réunion en présence des élus métropolitains le jeudi 15 février à la Mairie de Saint-Georges d’Orques. Ils étaient près de cent– viticulteurs mais également randonneurs et chasseurs - à s’être déplacés des communes de Pignan, Saint-Georges-d’Orques, Murviel-lès-Montpellier et Lavérune, pour opposer un non catégorique à ce changement de statut des chemins d’accès à leurs vignes.
« Soyons clairs, nous ne sommes pas opposés au passage des promeneurs ou des cyclistes sur les chemins communaux. Nous cohabitons depuis des années sans que cela pose problème. Mais transformer ces chemins en voie verte les fait changer de statut. La priorité revenant aux cyclistes, nous ne pourrions les utiliser qu’à la condition de bénéficier d’une dérogation qui pourrait être remise en cause en cas de changement de gouvernance à la Métropole. Imaginez, par exemple, qu’on nous interdise de travailler les samedi et dimanche. C’est insensé ! On ne peut avoir ainsi une épée de Damoclès qui pourrait nous empêcher de travailler nos terres » s’étouffe Robert Vidal, le président de la cave coopérative de Saint-Georges-d’Orques. « C’est incompréhensible, ajoute Diane de Losfelt, propriétaire du Château de l’Engarran à Lavérune. « Inverser cette priorité de passage sans nous consulter, c’est de l’irrespect. Ça suffit d’être bousculé, déconsidéré, conspué en permanence. N’oublions pas que c’est grâce aux travail des agriculteurs que les urbains peuvent profiter d’un poumon vert à proximité immédiate de Montpellier ».
Les viticulteurs pointent également les dangers d’un trafic accru sur ces voies communales : « Quand nous travaillons le sol, il peut y avoir des jets de pierres, ou de feuillage à l’occasion d’un écimage. Pour le moment, nous faisons attention et on s’arrête de travailler quand on voit du monde sur le chemin. Idem quand nous utilisons le chemin pour tourner. Mais si la fréquentation augmente, ça deviendra ingérable. On ne peut pas s’arrêter toutes les 5 mn. On ne pourra plus travailler et nos primes d’assurance risquent de flamber », fustige Jérôme Vidal, le président du Cru Saint-Georges-d’Orques.
L’impact écologique de ce projet qui reviendrait à goudronner ces chemins sur 3 m de large est un autre point d’achoppement. « Cela va accroître le ruissellement avec des eaux polluées qui vont dévaler dans nos vignes », s’inquiète Diane Losfelt. « Alors que nous sommes les premiers utilisateurs de ces chemins, il n’y a eu aucune concertation. Nous avons été convoqués l’été dernier pour un rendez-vous avec un géomètre et 2 agents pour nous indiquer les nouveaux métrés de cette future voie. Mais sans plus de détails. Il a fallu batailler pour obtenir cette réunion d’échanges le 15 février », ajoute Jérôme Vidal, très agacé. Isabelle Touzard, maire de Murviel-lès-Montpellier et vice-présidente de la Métropole, en charge de la transition écologique et de l’agroécologie entre autres, tempère : « On doit trouver une solution qui reconnaisse et protège le métier d’agriculteur. Mais nous sommes en zone péri-urbaine, où l’espace doit être partagé. Peut-être faut-il trouver un autre statut que celui de la voie verte. Mais il n’est pas dans l’intérêt des agriculteurs d’endosser l’échec de ce projet de voie douce, qui est attendue par une partie de la population. Posons-nous et trouvons une solution satisfaisante pour les différentes parties ».