ourt moment d’union nationale ce mardi 23 janvier lors des questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale avec des applaudissements dans tout l’hémicycle à l’« hommage à l’agricultrice tuée ce matin par un chauffard lors d’une manifestation d’agriculteurs dans l’Ariège » du député Grégoire de Fournas (Rassemblement National, Gironde). Ephémère unité, le député recréant immédiatement après les clivages entre gouvernement et opposition : « nous vous alertons depuis des mois sur cette France rurale et du travail qui n’en peut plus ».
Estimant qu’« alors que nos agriculteurs sont à l’agonie, vous essayez de gagner du temps par vos concertations stériles et la promesse d’une loi d’orientation agricole dont la vacuité ne réglera aucun des problèmes des agriculteurs », le député demande des réponses à « trois questions essentielles : reviendrez-vous sur l’augmentation de la fiscalité sur le GNR (Gazole Non Routier) ? Dénoncerez-vous le traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande et abandonnerez-vous les négociations avec le Marché commun du Sud, le Mercosur ? Mettrez-vous fin à l’écologie punitive et à la stratégie "de la ferme à la table" que vous avez soutenue au Parlement européen avec les écologistes ? Répondez à ces trois questions. Tout le reste n’est que bavardage ! »


« Monsieur de Fournas, avec vous, on n’est jamais surpris : vous n’êtes jamais en retard quand il s’agit de démagogie et de récupération » réplique Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, renvoyant à Grégoire de Founas « vous êtes un élu qui connaît son territoire. De quoi ont besoin les viticulteurs de Gironde ? Ils ont besoin de compétitivité. Ils ont besoin qu’on les accompagne et nous l’avons fait en 2023 avec l’aide à la distillation pour un total de 200 millions d’euros. Ils ont aussi besoin d’échanges commerciaux. Si le bordeaux ne s’exporte pas, vous m’expliquerez comment la viticulture pourra perdurer en Gironde. Ce dont ils ont besoin, compte tenu des grands enjeux, c’est d’être accompagnés dans la compétitivité au lieu d’être enfermés dans l’autarcie qui les condamne à disparaître. »
« Répondez aux questions ! » tance la députée Julie Lechanteux (Rassemblement National, Var). « S’agissant du GNR, nous avons instauré avec Bruno Le Maire un mécanisme de baisse de l’avantage fiscal qui représente 70 millions sur un total d’1,3 milliard. Par ailleurs, par diverses mesures fiscales, nous avons établi des compensations globales à l’euro près » déroule Marc Fesneau, interrompu par le député Aurélien Pradié (Les Républicains, Haute-Garonne) : « la baisse d’une niche fiscale, ça s’appelle du matraquage ! » et le député Jocelyn Dessigny (Rassemblement National, Aisne) : « qui est démago là ? »
« Nous sommes en train de travailler avec les organisations professionnelles pour voir comment équilibrer notre trajectoire fiscale avec une répartition répondant aux besoins des agriculteurs » poursuit Marc Fesneau, qui continue sa réplique : « monsieur de Fournas, il faut dire la vérité aux agriculteurs et répondre à leurs problèmes. Je prends ma part comme chacun doit prendre sa part des choses qui n’ont pas été faites. » Ce à quoi le député Hervé de Lépinau (Vaucluse, Rassemblement National) rétorque par un « hommage du vice à la vertu ! » et le député Jocelyn Dessigny par un « cela fait sept ans que vous êtes au pouvoir ! »


Dans sa réponse, Grégoire de Fournas poursuit la confrontation avec Marc Fesneau : « monsieur le ministre, vous n’êtes pas agriculteur. Moi, je suis viticulteur et mon père, âgé de 62 ans, qui l’est aussi ne se paie plus depuis plus d’un an. Alors, arrêtez avec vos accusations ! Le vide sidéral de votre réponse est l’aveu de votre impuissance. L’agriculture française est au bord du gouffre ! »