Les jeunes consomment bien moins de vin que les séniors. Or, la sociologie nous enseigne que nous gardons avec nous nos habitudes de consommation au fur et à mesure de l’âge. Vous serez donc moitié moins dans cette salle dans 20 ans ». Olivier Dauvers ne ménage pas les participants du Lallemand Tour. « Je ne suis pas anti-alcool ou anti-vin, je suis réaliste, l’heure est grave pour le marché du vin. Si vous ne changez pas, vous mourrez » insiste le journaliste spécialiste de la grande distribution.
Les distributeurs adaptant leur offre à la demande des clients, les vignerons perdent de la visibilité. Le linéaire vin a perdu 1,3 mètre en 2023, l’équivalent de 16 références. Pour lever les freins à l’achat, Olivier Dauvers conseille de diviser par deux l’offre en rayon. Aux réactions dans l’assemblée, le spécialiste reconnaît que « ce sera difficile pour les victimes de l’arbitrage, mais c’est la bonne solution d’un point de vue macroéconomique ».
« Arrêtez avec vos étiquettes à la française, continue-t-il. Est-ce que vous pensez vraiment que le château, le blason, et le portail en fer forgé font rêver ? Très peu. Les consommateurs d’aujourd’hui préfèrent la bière Kekette ou la bière Levrette. Sortez de votre zone de confort pour vous adapter à votre cible ! » lance Olivier Dauvers, volontairement provocateur.


Prenant l’exemple de la gamme de l'union coopérative Tutiac (Bordeaux), le journaliste n’hésite ensuite pas à affirmer que les appellations « tuent », mais que les marques peuvent sauver. « Même Bordeaux ! Il faut jouer sur la marque pour créer des habitudes de consommation ». Il enchaîne en préconisant aux vignerons de supprimer la mention du millésime sur les bouteilles vendues moins de 5 €. « Cela vous permettra plus de souplesse dans la logistique et la capacité à lisser les prix. Et pour le consommateur ça ne changera rien. Au quotidien, il se moque de savoir que sa bouteille à 3,25 € est du 2017 ou du 2018. Il souhaite juste que le vin soit loyal et marchand ».
Olivier Dauvers termine en recommandant aux enseignes de ne plus proposer des « murs de vin ». « Il faut rendre les produits plus abordables en proposant des clés d’entrée par prix, nombres de médailles ou de points, comme on le voit déjà beaucoup aux Etats-Unis ».