ans un contexte de raréfaction des matières actives et de développement de variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium, mais sensibles au black-rot, trouver des produits de biocontrôle efficace contre le black-rot devient une priorité. C’est dans cet objectif que l’IFV pilote le programme « Zéro black-rot » depuis 2021.
Celui-ci a démarré par une série d’essais en laboratoire et sous serre, afin de screener les matières actives les plus prometteuses. Ces dernières ont ensuite fait l’objet d’une expérimentation de terrain, en microplacettes, sous forte pression black-rot. Les résultats permettent à ce jour de constituer trois groupes.
L’association soufre + phosphonate de potassium est de loin la plus prometteuse. Dans leurs essais, les expérimentateurs ont ainsi appliqué tous les dix jours environ, 3 à 8 kg (selon le stade) de soufre mouillable associé à un phosphonate à pleine dose. « Dans les conditions de forte pression des essais, cette modalité a présenté une efficacité de 78 % sur grappes, soit presque autant que nos références : le métirame (82 % d’efficacité) et l’association soufre + cuivre (81 %) », dévoile Xavier Burgun, ingénieur à l’IFV qui coordonne ces tests. Un petit cran en dessous, l’association soufre + Armicarb (bicarbonate de potassium) présente une efficacité de 69 % sur grappes.
Mais tous ces produits perdent de leur intérêt en solo : 50 % d’efficacité sur grappes pour les phosphonates seuls, 40 % pour le soufre, et seulement 30 % pour l’Armicarb.
« Face aux fortes pressions, l’hydrogénocarbonate de potassium Vitisan donne des résultats assez réguliers et prometteurs en début de saison sur feuilles, avec 55 % d’efficacité », rapporte Xavier Burgun. Mais sur grappes, « ce chiffre chute à 19 % ». Le comportement de l’huile essentielle d’orange douce est analogue, avec 40 % d’efficacité sur feuilles et 18 % sur grappes, des résultats toutefois « très irréguliers ». Dans cette catégorie des produits à l’efficacité réelle mais limité, on compte enfin Carpet (Hydrogénocarbonate de sodium), avec 36 % d’efficacité sur feuille et 9 % sur grappes, avec, là encore, peu de régularité. « Ces produits avaient montré des résultats intéressants en conditions de laboratoire et de serre. Il faudrait peut-être creuser cette piste avec d’autres essais », précise Xavier Burgun.
Dans ces essais en microplacettes, trois produits n’ont pas fait leurs preuves, que ce soit sur feuilles ou sur grappes, avec des résultats équivalents à ceux du témoin non traité. Il s’agit de Romeo (stimulateur de défense à base de parois de levures), Sonata (Bacillus pumilus) et de Redeli (disodium phosphonate). Ces deux derniers avaient pourtant donné de bons résultats en laboratoire.
Attention, si dans les essais certains produits de biocontrôle se sont avérés efficaces contre le black-rot, « ils ne sont pas homologués contre la maladie, donc pas utilisables par des viticulteurs dans cet objectif », tient à préciser Xavier Burgun. Mais « Peut-être que notre travail fera bouger les lignes et donnera des arguments en faveur d’une extension d’usage pour certains ». Prochaines étapes pour « Zéro black-rot » : « Valider des modèles de prévision du risque, afin de construire des stratégies avec des doses optimisées, qui seront cette fois testées en grandes parcelles, avec un réseau de viticulteurs partenaires. »