ap(sule) ou pas cap(sule) ? Si ça ne tenait qu’à lui, Michel Chapoutier se passerait de surbouchage en étain, complexe-aluminium et autres PVC sur toute la gamme de ses vins de propriété et de négoce. Prévoyant de commercialiser de premières bouteilles sans capsule en 2024, Michel Chapoutier opte pour une « bandule » permettant de garantir que la bouteille n’a pas été ouverte. Soit une pastille de papier adhésif avec deux bandes se collant respectivement sur le bouchon et sur le col grâce à machine spéciale. Si le rendu définitif de cette bandule n'est pas encore visible, « ça ressemble aux autocollants pour les taxes russes » résume Michel Chapoutier. Ayant investi 70 000 € dans une machine dédiée à ce nouveau surbouchage, le négociant de Tain-l’Hermitage (Drôme) estime que la mise sera remboursée en moins d’un an avec l’économie qu’il réalisera sur l’achat de capsules.
Depuis la crise covid et les tensions sur les matières sèches, « on peut dire que les capsuliers n’ont pas soutenu la filière vin. C'est la réponse du berger à la bergère » grince poliment Michel Chapoutier. Les augmentations tarifaires n’ont laissé indifférent aucun metteur en bouteille, la flambée du prix des capsules restant en travers de la gorge de nombre d’entre eux, voyant une forme d’opportunisme dans les hausses de prix pratiqués par les quatre fournisseurs de ce marché. Balayant les impacts qualitatifs du surbouchage sur la conservation des vins*, Michel Chapoutier reconnaît qu’il reste le côté esthétique de la capsule. Et un côté pratique par rapport aux obligations douanières en France. Si la Capsule Représentative des Droits (CRD) est facultative depuis 2019, l’obligation de Document Simplifiés d'Accompagnement (DSA ou DSAC) peut compliquer sa suppression (comme en témoigne une pétition vigneronne pour lever les freins administratifs qui persistent).


Mais l’argument massue pour supprimer la capsule reste son bilan carbone pour Michel Chapoutier. « En bilan carbone, l’aluminium a un impact catastrophique : son extraction, son transport, son poids sur les bouteilles, son recyclage… Le meilleur déchet, c’est celui qui n’existe pas » assène le négociant rhodanien. Au final, cette bandule est « moins cher et plus pratique. Je suis prêt à donner les détails pour que d’autres s’y mettent. Tout est à disposition, comme pour les étiquettes en braille. »
* : « La capsule ne contribue pas à la conservation du vin ; elle sert uniquement à des fins marketing » annonce le négoce languedocien Aubert et Mathieu dans un communiqué annonçant l’arrêt de l’utilisation de capsule. Et précisant que « conformément aux plans de l'Union européenne, qui vise à éliminer à moyen terme les capsules et [rendre] les bouteilles légères obligatoires, Aubert & Mathieu anticipe les futures politiques en la matière. »