n incinérateur d’ordures ménagères au nord-est de Tours, en lisière de l’agglomération, proche de vignes en appellation Vouvray et de zones résidentielles : le projet de Tours Métropole et du syndicat Touraine Propre suscite l’indignation de vignerons et d’habitants. Visant à produire de l’eau chaude sanitaire à partir d’ordures ménagères qui ne seront plus enfouies ou envoyées hors du département, cette "unité de valorisation énergétique" a été envisagée sur Parçay-Meslay, une commune de l’AOC Vouvray. « La parcelle prévue n’était pas en AOC, cependant elle était en zone agricole protégée et proche de vignes. Et sur Parçay-Meslay, nous avons déjà deux autoroutes, l’aéroport, le centre de tri », explique Jean-Marc Gilet, vigneron en bio et conseiller municipal à Parçay. Aux côtés d’habitants mobilisés avec pétitions et panneaux, les vignerons ont aussi exprimé leurs craintes de devoir subir une pollution générée par l’incinérateur.
« Plusieurs rapports officiels montrent que des incinérateurs, notamment celui d’Ivry en région parisienne, sont des catastrophes écologiques, lance Jean-Marc Gilet. Tours Métropole est incapable de nous fournir des garanties contre les risques de pollutions, sur les contrôles d’émissions de dioxines. Il existe aussi d’autres moyens de réduire nos déchets pour ne pas avoir à les brûler ».


Le vice-président de Tours Métropole Martin Cohen a assuré dans le quotidien régional La Nouvelle République que l’incinérateur sera doté « d’un système de contrôle des émissions polluantes et d’un cahier des charges strict ». L’élu entend « rassurer la population », soulignant que « les usines construites ces dernières années n’ont rien à voir avec celles d’il y a 20 ans ».
Face à la mobilisation sur Parçay-Meslay, le conseil municipal de la commune a exprimé à l’unanimité son veto au projet d’incinérateur. Un vote dont ont pris acte Tours Métropole et Touraine Propre le 4 décembre. Les deux collectivités renoncent à une implantation sur Parçay. Mais sans enterrer leur projet.
« Tours Métropole et Touraine Propre veulent construire l’incinérateur au nord-est de Tours. Elles envisagent désormais de l’implanter au sud de l’aéroport, sur le secteur de Sainte-Radegonde, à Tours, qui elle aussi relève de l’AOC Vouvray », soupire Jean-Marc Gilet. C’est même là, tout près de l’ancienne abbaye de saint Martin, que serait né le vignoble de Vouvray…


« Cet incinérateur doit être hors de l’aire d’appellation de Vouvray, assène Jean-Marc Gilet. Selon l’actuel président de l’Inao Philippe Brisebarre, qui a été à la tête de l’AOC Vouvray, aucun incinérateur en France n’est sur une aire d’appellation. Le dynamisme de notre appellation doit être préservé, d’autant que nous faisons réaliser actuellement une étude terroirs qui s’avère riche en éléments nouveaux. Nous travaillons aussi sur la mise en avant de nos lieux-dits ».
Contactés, Philippe Brisebarre et Tours Métropole n’ont pas donné suite aux sollicitations de Vitisphere.