our le monopole suédois Systembolaget, il s’agit d’un « pas en avant » pour le secteur et d’une « évolution positive pour les consommateurs, qui auront accès à davantage d’informations sur ce que contiennent les produits qu’ils achètent ». Soulignant le caractère progressif de la mise en application de cette obligation, « qui n’interviendra pas du jour au lendemain », le monopole reconnaît toutefois que « les nouvelles règles et exigences européennes pourront s’avérer difficiles à interpréter au début ». Outre les obligations en matière d’étiquetage « physique », les fournisseurs de Systembolaget devront également mettre à sa disposition la liste des ingrédients et informations nutritionnelles pour que celles-ci puissent paraître sur la page produit correspondante sur son site internet. Quant à la réaction de ses clients, le monopole soulève quelques doutes sur la manière dont les consommateurs réagiront à la mise en place de QR codes pour la liste des ingrédients et les informations nutritionnelles, tout en soulignant que « certains consommateurs demandent ces informations depuis longtemps et donc, pour eux, le changement européen est très positif ».
En dehors de l’Union européenne, les exportateurs situés dans les pays tiers se préparent également à ces nouvelles exigences. Comme le souligne un professionnel sud-africain, c’est l’Hémisphère Sud qui sera touché en premier, ses vins étant mis en bouteilles et donc étiquetés avant ceux de l’Hémisphère Nord, et qui servira donc de « cobaye ». Aux Etats-Unis, l’association professionnelle Wine America prédit que les exportateurs choisiront d’avoir deux étiquettes distinctes pour les vins destinés, soit au marché intérieur, soit à l’export. La question qui se pose au sein de la filière américaine est de savoir si les nouvelles obligations européennes se transposeront, à un moment donné, au marché US.
Au début de cette année, certains observateurs prévoyaient une instauration d’étiquetage portant sur les allergènes et les informations nutritionnelles dans le courant de 2023, suivie de la liste des ingrédients en 2024. « La TTB n’a pas avancé sur ces dossiers », indique Michael Kaiser, directeur d’affaires gouvernementales au sein de Wine America, basé à Washington. « Nous nous attendions à ce que ce soit proposé au début de l’année, mais finalement nous ne savons pas du tout si ce sera même le cas en 2024 ». Il faut dire que les élections présidentielles en novembre 2024 pourraient retarder le processus, mais pas nécessairement. Dans tous les cas, Michael Kaiser estime que la position américaine n’est pas influencée par les nouvelles obligations européennes : « La TTB suit son propre calendrier, et une proposition pourrait être repoussée et intervenir après les élections. Mais elle pourrait tout aussi bien tomber demain. La vérité, c’est que nous ne le savons pas ».
Au Royaume-Uni, les professionnels regardent ce qui se passe au niveau européen, aussi bien pour l’exportation des produits britanniques que pour d’éventuelles transpositions des exigences européennes en réglementation locale. « L’obligation d’étiquetage des ingrédients et des informations nutritionnelles ne s’applique pas à l’intérieur du Royaume-Uni, mais on a le sentiment qu’à un moment donné, le législateur pourrait l’instaurer », affirme Simon Mason, responsable du développement durable et de vérifications préalables au sein de The Wine Society. « Les entreprises réfléchissent donc à la possibilité de mettre en place un système similaire ». Du côté de la Wine & Spirit Trade Association, on affirme ne pas avoir été informé de projets gouvernementaux dans ce sens dans l’immédiat. « La bonne nouvelle, c’est que rien n’empêche des étiquettes portant une liste d’ingrédients et des informations nutritionnelles, ou affichant un lien vers des informations, de circuler sur le marché britannique ». Enfin, l’association précise que des discussions sont toujours en cours au sein de ses membres pour savoir quel est le meilleur moyen d’assurer que des informations pertinentes et facilement compréhensibles du point de vue sanitaire et des ingrédients soit mises à la disposition des consommateurs. « Toutes les informations ne rentrent pas sur l’étiquette, ce qui explique pourquoi les discussions sont toujours en cours pour savoir ce qui est affiché sur l’étiquette et ce qui est disponible en ligne ».