’équation est la suivante. Le Vaucluse souffre d’un manque de production de truffes. Dans ce même département, les ventes de vin, le côtes-du-rhône principalement, sont en recul. Partie de ce constat, la société Plantin Truffe à Puyméras (84) veut convaincre les viticulteurs du Vaucluse, mais aussi de la Drôme, de s’intéresser à cette culture. « Nous venons de nous associer au projet Terroir porté par le syndicat des vignerons des côtes-du-rhône qui vise justement à accompagner les producteurs qui le souhaitent dans des projets de diversification », annonce Nicolas Rouhier, directeur général de l’entreprise qui a présenté cette initiative le 23 novembre dernier lors d’une conférence de presse dans ses locaux. « Les terres à vigne pauvres, calcaires et caillouteuses se prêtent parfaitement à la plantation de truffières, enchaîne-t-il. Le seul impératif, c’est d’avoir accès à l’eau. »
L’entreprise, qui achète une centaine de tonnes de diamant noir chaque année, s’approvisionne en local et en importe également. « Nous n’avons pas assez de production sur place pour répondre à la demande », commente le responsable. Pis, si le Sud-Est détient le leadership de ce fruit il est en passe de se faire doubler par des départements tels que les Deux-Sèvres et les Charentes qui plantent des truffières dernier-cri à haut rendement. L’Espagne, l’Australie et le Chili développent également les surfaces dans ce même état d’esprit.
« Des viticulteurs de notre secteur nous proposent de racheter leurs terres, mais ces transactions sont compliquées, voire impossibles en France, souligne Nicolas Rouhier. D’où notre volonté de monter des partenariats avec les agriculteurs. Nous venons ainsi de nous associer à un producteur de lavande avec lequel nous allons créer début 2024 9 hectares de truffières dans le Vaucluse. » Plantin propose aux viticulteurs de travailler sur des projets communs à l’instar de l’exemple précité ou de les conseiller dans la plantation. « C’est une culture dont le mode de conduite s’est considérablement modernisé au cours de ces dernières années, précise Nicolas Rouhier. Nous sommes a même de partager les connaissances acquises, les résultats et les perspectives en termes de revenus via des outils de modélisation. » Pour un vigneron qui souhaite se lancer, la mise de départ oscille entre 10 et 15 000 €/ha. Ce montant comprend le travail des sols, la plantation, l’installation de la clôture et du dispositif d’irrigation. Il faut ensuite attendre huit ans avant de récolter les premières truffes. Le cours de ces dernières se situe entre 400 et 1 000 €/kg selon les campagnes.
« Nous voulons proposer à nos adhérents des pistes de diversification et la truffe en fait partie, indique de son côté Philippe Faure, secrétaire général du syndicat des côtes-du-rhône. Nous avons donc répondu à un appel à manifestation d’intérêt dans le cadre du plan France Relance. Nous avons constitué et adressé le dossier aux services de l’État, nous attendons désormais une réponse. » Le projet Terroir n’attend plus qu’un feu vert pour démarrer.