uels vont être vos premiers chantiers ?
Serge Melchior : Nous allons d’abord mettre en place une organisation avec la nomination d’un directeur d’ici début 2024. Nous recherchons un profil qui connaisse bien le monde viticole ainsi que celui de la formation et qui soit très "ouvert".
Nous allons déposer un dossier d’appel à manifestation d’intérêt dans le cadre des compétences des métiers d’avenir. En clair cela va nous permettre de légitimer le fait que l’on travaille sur l’avenir de la formation de la filière viticole et ainsi d’obtenir des financements, notamment en appréhendant les outils de réalité virtuelle au service de la vigne et du vin.
De même, nous travaillons sur un dossier de labellisation autour des "métiers et qualifications d’excellence". Cela signifie que nous cherchons à fédérer des organismes de formation pour des formations adaptées aux besoins de la filière en allant vers plus de qualification.
Quels sont les moyens financiers dont va bénéficier le campus ?
Le campus est une association loi 1901 dans laquelle se retrouvent plusieurs mondes : économique (caves coopératives, interprofessions, institutions : DRAAF, rectorat, MSA, OCAPIAT…). Mais aussi le monde de la recherche et les organismes de formation. Soit une quarantaine d’acteurs. Tous ces acteurs vont verser des frais d’adhésions annuels qui vont constituer, avec l’intervention financière de la région, 30 % du budget qui est de 10 millions d’euros. Les 70 % restant viendront des appels à manifestation d’intérêt.
Dans les missions du campus, figurent des solutions pédagogiques innovantes...
Nous devons absolument aider ceux qui sont éloignés des centres de formation, en sortant des sentiers battus. Dans les territoires, trop de jeunes au chômage ne savent pas où aller. J’ai en tête une expérience très intéressante. En 2011, la mission locale de Cadillac en Gironde avait mis en place un minibus aménagé en bureau, qui allait de village en village à la rencontre des jeunes qui cherchaient du boulot. Nous avons formé trente jeunes pendant six mois et les avons embauchés aux Grands Chais de France. J’aimerais renouveler ce genre d’expérience en travaillant avec les missions locales et les pôles emplois et ainsi capter des jeunes dans les territoires éloignés des grandes villes. La viticulture est un métier attrayant, même si aujourd’hui la situation économique n’est pas favorable.
Une autre des missions du campus est de valoriser l’offre de formation. De quelle manière ?
Il faut d’abord faire admettre aux entreprises du secteur viticole que les gens formés, et donc autonomes dans leur travail, il faut bien les payer. C’est du gagnant/gagnant.
De même j’observe qu’il y a une foultitude de formations redondantes. Il parait nécessaire de dresser un inventaire de ces formations, mais aussi de voir ce qui existe peu ou pas. Ainsi dans l’utilisation des automatismes et de la robotique en viticulture, on manque de formations. Il faut que la viticulture s’empare davantage de ces nouveaux outils.
Lancement le 15 novembre dernier du campus avec (de gauche à droite) : Virginie Alavoine, directrice régionale de l'alimentation, l'agriculture et de la forêt de Nouvelle-Aquitaine, Serge Mechior, président du Campus régional de la vigne et du vin, et Jean-Louis Nembrini, vice-président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge de l’orientation, de l’éducation et de la jeunesse. Crédit photo : Alexandre Dupeyron – Région Nouvelle-Aquitaine.