fin de désherber proprement et rapidement le cavaillon en employant moins de glyphosate, le domaine des Vignes Biche, à Vaudelnay, dans le Saumurois, a trouvé une solution : le WeedSeeker2, un système qui cible uniquement les mauvaises herbes.
Ce domaine exploite 47 ha de vignes en AOC Saumur, Cabernet d’Anjou et Crémant de Loire. « Les trois quarts de nos parcelles sont implantées sur des silex et donc difficilement mécanisables », précise Pierre Gautier, qui gère l’exploitation avec ses parents. Ses vignes se prêtant mal au travail du sol, le viticulteur les conduit en conséquence : il engazonne et tond l’interrang – planté à 1,80 m de largeur – et désherbe chimiquement la ligne des souches sur une bande de 90 cm de large.
Le viticulteur désherbe le cavaillon en deux temps, à l’aide de deux matériels différents : la première fois en automne ou au début du printemps, avec un pulvérisateur traîné Calvet ; puis en juillet pour un rattrapage, aux commandes d’un quad Polaris.
Dès le premier passage, pour venir à bout d’un maximum d’adventices, il applique 1 l/ha d’un herbicide à 360 g/l de glyphosate, soit les quatre cinquièmes de la dose autorisée, associé à un antigerminatif, le tout dilué dans 60 l/ha d’eau. Il réserve le reliquat (0,25 litre) au traitement des repousses, notamment de liseron, de géranium et de chardons. Un pari risqué, avec une rampe de désherbage classique. Afin de le tenir, « je coupais les jets dans les zones les plus propres, indique-t-il, mais ce n’était pas une satisfaisant. Avec le WeedSeeker, c’est beaucoup plus précis. »
Avec ce dispositif, la terre nue ne reçoit plus d’herbicide. Un résultat que le WeedSeeker atteint grâce à un capteur d’infrarouges intégré qui détecte la présence de végétation. La société Vantage, qui commercialise cet équipement, en a monté deux chez Pierre Gautier, un de chaque côté de la rampe sur son quad, un quad qu’elle a également pourvu d’un GPS, d’une barre de guidage et d’une console tactile fixée au centre du guidon. Coût total : 12 000 euros HT, montage inclus, dont la moitié représente le coût des capteurs.
Son équipement high-tech n’étant opérationnel que depuis la fin du mois de juin, il n’a pu le tester que sur cinq hectares cet été. « Je suis d’abord passé avec de l’eau, remarque-t-il. À cette occasion, on s’est rendu compte que les capteurs étaient placés trop près des buses, des ATR 80. Le jet se déclenchait trop tard. Nous les avons donc avancés de 5 cm. »
Après cela, le vigneron a pu passer à la pratique. À commencer par l’étalonnage de l’appareil. « Il faut trouver et valider un point de référence sur une zone sans aucune herbe, détaille-t-il. Ensuite, l’appareil pulvérise partout où c’est différent. Il est conseillé de réétalonner pour chaque parcelle. Ça ne prend que quelques secondes. »
Pierre Gautier tire un bilan positif de cette première expérience. Le débit de chantier, en particulier, est à la hauteur de ses attentes. « Mes interrangs sont enherbés et plats. Les capteurs sont protégés et ne dépassent pas du gabarit. J’ai pu désherber sans risque jusqu’à 15 km/h, apprécie le pilote. Mais dans les vieilles parcelles, il faudra rester vigilant. »
Par précaution, il a fait monter sur le guidon du quad un interrupteur, à main gauche, afin d’ouvrir et fermer les jets en bout de rang. « C’est plus pratique que depuis la console, qui ne mesure que 3,5 pouces », dit-il.
Autre satisfaction : le vigneron trouve le désherbage efficace, « surtout lorsque les adventices sont assez développées ». Ciblant les seules zones enherbées, le WeedSeeker assure une économie de produit. Sur les 5 ha désherbés en juillet, l’appareil n’a traité qu’un peu plus d’un quart de la surface. « Le résultat s’affiche en temps réel sur l’écran. Au total, j’ai économisé 73 % de produit. »
Pierre Gautier apprécie également de pouvoir suivre le cours du chantier sur la console. « Ça évite les oublis ou les doublons ». Dernière bonne surprise : alors que le désherbage n’a été effectué que dans un rang sur deux, donc sans recroisement, seules quelques adventices ont survécu du côté opposé au passage.
Tout se présente bien pour qu’avec ce nouvel équipement, le viticulteur puisse tenir facilement ses rangs propres avec 450 g/ha de glyphosate seulement. Le but recherché.
La nouvelle génération WeedSeeker2 présente plusieurs améliorations par rapport au modèle initial sorti il y a une dizaine d’années. « Les capteurs sont plus fiables. Ils sont notamment moins sensibles aux changements de luminosité. Un seul calibrage par parcelle suffit désormais », assure Gérald Poitrenaud, commercial Vantage. Le nouveau terminal, normalisé Isobus et lisible au format ISO XML, enregistre les données de pulvérisation. L’opérateur peut les exporter sur une clé USB. La console GFX 1060 de 10 pouces, proposée en option, projette une plus grande carte. Elle est aussi plus facile à manipuler que la précédente interface.