a production de plant bio se heurte à une impasse : la lutte contre le mildiou. A lui seul, le cuivre ne suffit pas à contrôler le parasite les années de très forte pression comme en 2023. Les pertes de plants sont alors trop importantes. « C’est un point de blocage majeur. On ne peut pas mettre en danger nos exploitations pour répondre à la demande de plants bios », a insisté David Amblevert, le président de la FFPV (Fédération française de la pépinière viticole) lors d’un point presse durant le vingtième congrès de la Fédération qui s’est déroulé à Reims Bezannes du 17 au 19 octobre derniers.


La commission plants bio de la FFPV présidée par Guillaume Careil, pépiniériste dans le Val de Loire, travaille depuis quatre ans avec l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (Inao) et des experts à la définition d’un cahier des charges des plants bios. Sans trouver la solution sur ce point. « Compte tenu des coûts de mise en œuvre d’une pépinière, faire du 100 % bio serait suicidaire », assure Guillaume Careil. La FFPV s’interroge. Pourquoi des plants certifiés bio, sachant qu’un plant met trois ans avant d'entrer en production, soit le délai de conversion ? « Les plants ont donc le temps de devenir bio au vignoble », indique la fédération.
Autre point bloquant : depuis le 31 juillet 2023, les vignerons bio qui souhaitent planter en bio doivent vérifier sur le site semences-biologiques.org la disponibilité des plants. Si le couple greffon/porte-greffe qu’ils souhaitent est disponible (y compris à l’étranger), ils doivent le réserver sur le site. Dans le cas contraire, ils doivent demander une dérogation pour pouvoir planter l'assemblage désiré en conventionnel. Une procédure lourde que dénonce la FFPV. « Ce site n’est pas adapté à notre production. Dans l’immédiat nous demandons à l’INAO de surseoir à la demande de dérogation obligatoire », insiste David Amblevert.
Le Comité International des Pépiniéristes (CIP) le syndicat des pépiniéristes européens a d’ailleurs désapprouvé à l’unanimité l'obligation d’avoir des plants bios. « On ne peut pas mettre sur un même niveau les semences de blé, de pomme de terre… et les plants de vigne. Les contraintes de production sont trop fortes », argumente Pierre-Marie Guillaume, pépiniériste en Haute-Saône et vice président du CIP.
Cette année, les pépiniéristes ont mis en œuvre 220 millions de plants en pépinière, soit 15 millions de moins que l’an passé selon FranceAgriMer. Et le nombre de plants reportés est particulièrement important : 10 millions, soit le double de l’année dernière. L'ugni-blanc reste en tête des mises en oeuvre avec 35 millions de plants, suivi du chardonnay (27,2 millions de plants) et du pinot noir (16,9 millions). Trois cépages blancs progressent très fortement : souvignier gris (+127 %, 1,18 million), sémillon (+ 20 %, 2,46 millions), viognier (+15 %, 2,59 millions).