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Problèmes de dos, journées bien remplies... Travailler les sols dans les vignes, ce n'est pas une sinécure !
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Désherbage
Problèmes de dos, journées bien remplies... Travailler les sols dans les vignes, ce n'est pas une sinécure !

L’abandon des herbicides augmente non seulement le temps de travail dans les vignes mais aussi sa pénibilité. Vignerons et experts expliquent pourquoi, et détaillent les solutions qu’ils ont trouvées pour y remédier.
Par Frédérique Ehrhard Le 09 octobre 2023
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 Problèmes de dos, journées bien remplies... Travailler les sols dans les vignes, ce n'est pas une sinécure !
Le fait de se retourner souvent pour surveiller les interceps accrochés à l'arrière du tracteurs peut aggraver les problèmes de dos - crédit photo : Vincent Gobert
«

 Avant de me lancer dans le travail du sol sur le rang, j’ai échangé avec des vignerons qui avaient déjà franchi le pas, rapporte Étienne Rideau, vigneron avec son père à Turquant, dans le Maine-et-Loire. De l’avis général, le fait de se retourner souvent pour surveiller les interceps accrochés à l’arrière du tracteur aggrave les problèmes de dos ! J’ai donc choisi un intercep qui s’attelle à l’avant, et je ne le regrette pas. »

Ayant déjà eu contact avec Christelle Guillet, conseillère en prévention des risques à la MSA de son département, il l’a sollicitée afin de savoir s’il pouvait bénéficier d’une aide financière relative à cet équipement. « C’est le cas : les mouvements de torsion que l’on fait pour surveiller les outils augmentent les risques d’avoir des problèmes au niveau des cervicales ou des lombaires », confirme-t-elle. Du coup, elle l’a aidé à obtenir une subvention de 25 % pour cet investissement de 4 150 €.

Avec les interceps à l’avant, le vigneron ne craignait qu’une chose : accrocher un cep au moindre écart de conduite. Mais il a été vite rassuré. « En regardant devant moi, je n’ai pas de mal à rouler droit, assure-t-il. C’est au contraire en me retournant pour regarder derrière moi que je risque de donner un coup de volant. J’ai eu l’occasion d’essayer un autre outil interceps qui m’intéressait, mais qui ne se monte qu’à l’arrière. Le soir, j’étais très fatigué, alors qu’avec le montage à l’avant j’enchaîne sans problème deux ou trois journées. »

Une caméra pour ne plus avoir à se retourner

Jérémy Reulier, lui, a installé une caméra sur le toit de son tracteur, orientée vers son outil de travail du sol. « Il y a deux ans, j’ai commencé à ressentir des douleurs dans le dos, ce qui m’a amené à faire des séances de kiné, relate ce vigneron de Thouarcé, en Maine-et-Loire. Sur une suggestion de Christelle Guillet, je me suis équipé d’une caméra. Depuis, cela va mieux. J’ai installé un écran dans la cabine, et je vois s’il y a un problème sans avoir à me retourner. » Cet équipement lui a coûté 350 €, dont 50 % couverts par une aide de la MSA.

Le désherbage mécanique soulève bien d’autres difficultés. Avec le travail des rangs, les tractoristes se retrouvent à effectuer nettement plus d’heures au printemps, quand l’herbe se met à pousser. « Comme les créneaux météo qui permettent de travailler le sol au bon moment sont souvent très courts, observe Benoît Bazerolle, conseiller viticole à la chambre d’agriculture de Côte-d’Or, il faut enchaîner des journées bien remplies, alors même que passer des interceps nécessite beaucoup de concentration. Tout cela augmente la fatigue et donc les risques d’accidents, en particulier avec les enjambeurs. Afin de réduire ces risques, il faudrait se relayer par demi-journée. Mais cela suppose qu’il y ait plusieurs tractoristes par exploitation, ce qui est loin d’être le cas partout ! »

Circulation à pied plus fatigante

La circulation à pied dans les vignes devient aussi plus fatigante. D’abord parce que juste après le passage des outils, le sol est meuble. Ensuite, « quand le travail a produit beaucoup de mottes, les risques de foulure ou d’entorse augmentent, observe Christelle Guillet. Et lorsque l’on marche sur un sol meuble par temps de pluie, la boue s’accumule sous les chaussures et les alourdit, ce qui accroît la fatigue. » Perrine Dubois, conseillère viticole à l’ATV 49, en Maine-et-Loire, note que « les vignerons qui se sont lancés dans le travail du sol ont vite compris qu’il fallait laisser pousser l’herbe l’hiver dans l’interrang, afin de ne pas s’épuiser à la taille ! »

Spontané ou semé, cet enherbement accroît le confort des travailleurs, à condition d’être convenablement géré. Ce qui n’est pas toujours une mince affaire. Car pour prendre les bonnes décisions, il faudrait pouvoir envisager le climat à venir. « Si le printemps s’annonce pluvieux, mieux vaut tondre l’enherbement que le labourer, de façon à garder la portance, indique Benoît Bazerolle. Dans le cas contraire, le sol peut être travaillé sur quelques centimètres de profondeur avec des griffes ou des disques, en deux passages, afin de bien aplanir le terrain. Après cela, il n’y a pas de problème pour passer à pied… tant qu’il fait sec. » Ceux qui conservent l’enherbement devront le tondre ou le rouler avant le passage des saisonniers, selon sa hauteur. « L’herbe haute complique l’ébourgeonnage et le relevage », relève Perrine Dubois.

L'herbe haute complique les travaux en vert

Avec l’abandon des désherbants, bien des vignerons sont également amenés à revenir à la pioche pour fignoler le nettoyage de la ligne des souches. En cours de conversion au bio, Michel Bataille, sur 32 ha à Lespignan, dans l’Hérault, a dû intervenir cet été dans la partie en bio de son vignoble afin d’arracher quelques adventices collées aux ceps. « J’ai aussi dû désherber à la houe deux plantiers encore en conventionnel, où le désherbage chimique avait échoué à cause de la sécheresse, indique-t-il. Là, il y avait beaucoup plus de travail. À raison de deux heures le matin à la fraîche, il m’a fallu un bon mois pour en venir à bout. »

Des houes de différentes formes à la place de la pioche

Dans le but de limiter l’effort, il s’est doté des bons outils. « Je n’utilise pas de pioche mais des houes de différentes formes, des Falci, une marque italienne, et des Bellota, une marque espagnole, que j’ai trouvées sur internet et que j’ai montées sur un manche de 1,40 m de long adapté à ma taille, précise-t-il. Ce sont des outils légers et solides, qui s’affûtent. Il faut le faire régulièrement. Le tranchant pénètre ainsi mieux dans le sol et coupe plus facilement les racines. »

En rattrapage, on peut aussi utiliser un débroussailleur à dos. « Cette année, des vignerons ont dû le passer une ou deux fois sur le rang car ils n’ont pas pu intervenir à temps avec les interceps au printemps, très pluvieux », relate Benoît Bazerolle. Ceux qui ont rencontré des problèmes d’efficacité avec les désherbants ont dû faire de même, d’ailleurs, car là aussi, avec la réduction des doses utilisables, le rattrapage manuel devient parfois nécessaire.

 

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