aire flotter les chenilles. « Il ne faut pas s’imaginer que, parce que l’on n’avait pas de problème avant, il ne faut pas commencer à concevoir de nouvelles références et de nouveaux plans de lutte. » assène Tristan des Ordons conseiller spécialisé en protection sanitaire et agroécologie chez Phloème Conseil, qui a dernièrement pratiqué le saumurage dans des parcelles à forte pression. « On est en train d’observer des générations qui peuvent être plus rapprochées et plus impactantes, notamment pour la 3ème génération. »
Pour l’heure assez peu banale, la technique du saumurage est très efficace et somme toute assez simple, mais elle reste particulièrement chronophage.
Après avoir prélevé des grappes dans des parcelles à forte pression pour compter le nombre de foyers de perforation des vers de la grappe, des opérateurs ont compté le nombre de baies sur chaque grappe, ainsi que le nombre de baies perforées. Le saumurage, qui consiste à contraindre les chenilles à s’échapper des baies lorsque celles-ci sont immergées dans de l’eau salée permet de compter précisément la quantité de chenille présentes dans les échantillons analysés.
On peut compter les chenilles échappées des grappes. Crédit photo : Ploème Conseil
« Nous utilisons cette technique pour pouvoir faire une cartographie plus précise des foyers à problème. », explique le conseiller, « Cela dans le but d’anticiper et d’optimiser au mieux les itinéraires techniques futurs des viticulteurs. »
Cette méthode a permis de mettre en lumière des zones plus touchées que d’autres. En effet si l’on retrouve des foyers à problème un peu dans toutes les zones du vignoble bordelais, de premières observations permettent de dire que les gros îlots bénéficiant de dispositifs de confusion sexuelle sont moins fortement touchés. Ce sont les configurations plus morcelées, les parcelles entourées d’arbres ou isolées (même protégées par des dispositifs) qui se retrouvent globalement plus atteintes.


En plus des pertes de rendement, les tordeuses font également perdre en qualité : « Parfois les baies sont flétries, on tire des 17,18,19 degrés sur des baies qui n’ont pas atteint leur maturité phénolique. A cela s’ajoute un suivi de vinification compliqué lorsque dans les baies perforées drosophiles et pourriture s’installent. »
Cette technique permet plus de pédagogie et de représentativité auprès des viticulteurs : « Lorsqu’on dit, vous avez 10 chenilles par grappe, ça parle beaucoup plus qu’avec des estimations. » En effet le conseiller raconte que lors d’un comptage 280 chenilles ont été prélevées sur… 3 grappes !
« Identifier véritablement le problème permet d’engager des luttes plus suivies et plus attentives. Aujourd’hui, avec le changement climatique on observe des modifications des menaces et nous n’avons pas d’autre choix que de nous y adapter. »