a-t-il une bonne fée qui se cache dans le vignoble champenois ? Alors que la problématique du recrutement des vendangeurs-es ressemble à un puit sans fond pour la filière champenoise, les néo-vignerons récoltants manipulants, Sabrina Paste et Tony Gaudinat ont décidé de prendre le taureau par les cornes.
Moins pour déléguer mais plus pour considérer cette pratique dans sa globalité, suivant les principes de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), ils ont confié la gestion de leurs équipes de vendangeur-ses à Camille Crochet, coach holistique, professeure de yoga et prestataire dans le village de Vincelles, à seulement 20 minutes du domaine de 12 hectares de Sabrina et Tony.
« Une approche holistique c’est prendre en compte les dimensions de l’humain dans son entièreté, en prenant en compte les dimensions émotionnelles, physiques, mentales, culturelles, spirituelles…. », explique Camille Crochet. Ex-commerciale export et responsable d’exploitation pour Chandon en Australie puis en Argentine, à tout juste 31 ans, Camille Crochet, gère pour la première fois des équipes de vedangeurs-es, à son compte, pour plusieurs vigneron-nes (au total ce sont près de 28 hectares à vendanger) et possède deux campements à destination des vendangeurs-es où elle y a fait installer des douches et des sanitaires.
À celles et ceux qui le souhaitent et qui n’ont pas de moyen de locomotion, elle fournit même les véhicules. « Quand on a quelqu’un en face de soi en difficulté, il faut savoir en prendre soin »
Sur le domaine du Champagne Saint-Philibert, cette « boule d’énergie » tout-terrain et trilingue, prend sa casquette de coach en supervisant les équipes dirigeantes et les employé-es. « Avec Sabrina et Tony, on a travaillé en amont en prenant en compte les valeurs et les aspirations de chacun, ça passe notamment par l’inclusion, détecter les personnes porteuses de handicap ou écartées de l’emploi pour adapter son comportement aux différents profils de vendangeur-ses que j’emploie ». Outre le profilage, Camille Crochet s’attache aussi à respecter les habitudes et régimes alimentaires de ses équipes en faisant préparer des menus adaptés. Dans les vignes, cette mère veilleuse mobilise les vendangeurs-es, lors de leur prise de poste, par des étirements.
En fin de journée, ce sont des « salutations au soleil » et autres postures de yoga qui permettent aux saisonniers de souffler après des journées éreintantes, affrontant en ce début septembre un soleil de plomb pendant de longues heures. Là encore, Camille Crochet n’a pas hésité à imposer plus de pauses et à modifier les horaires de cueillette.
Pour Sabrina Paste et Tony Gaudinat qui se sont lancés en 2022, en embrassant le statut de vignerons récoltants manipulants, la supervision que propose Camille est une façon de s’écarter d’un management traditionnel psychorigide, qui ne semble plus faire ses preuves. « Bien avant de créer notre entreprise avec Tony, nous savions que celle-ci serait mouvante et qu’elle se devrait d’adopter une dynamique évolutive et transformatrice permanente », appuie Sabrina Paste.
Quant aux problèmes de recrutement qui agitent la filière champenoise, la jeune femme est claire : « Sur les 90 vendangeur-ses que je recrute, les 3/4 viennent du coin, ou un peu plus loin en France, je crois que l’on n’a pas su s’adapter aux normes socio-économiques du pays, le bien-être au travail est fondamental, quand on a quelqu’un face à soi qui est en difficulté, il faut savoir en prendre soin. »