ignoble historique s’il en est, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le vignoble du Douro se caractérise par ses pentes escarpées et ses petites parcelles difficiles à travailler. Autant dire que ses coûts de production sont élevés, parmi les plus élevés au monde selon ses producteurs, et que ses rendements sont faibles. Ajoutons à cela, la désaffection mondiale vis-à-vis des vins doux et fortifiés : dans le cas du Porto, les ventes ont baissé de près de 25 % en volume au cours des vingt dernières années. Dans le même temps, celles des vins tranquilles DOC Douro ont augmenté de manière significative pour atteindre 5,2 millions de caisses de neuf litres, contre 7,8 millions pour le Porto.
Dans une lettre ouverte publiée au cours de l’été, intitulée « Le Douro mérite mieux », les plus grands noms du secteur – Symington, Graham, Niepoort, Ferreira et autres Braga – tirent la sonnette d’alarme. « Malgré ces profonds changements, le cadre réglementaire est resté inchangé, pour l’essentiel, depuis près de 100 ans. Le système actuel favorise des distorsions dévastatrices qui ont un impact non seulement sur le prix du raisin, mais aussi sur la pérennité socio-économique des viticulteurs, des entreprises et sur l'avenir de leurs vins sur les marchés internationaux ». En cause notamment, le système historique du « beneficio » qui depuis les années 30 fixe la quantité de raisins destinés à la production de Porto. De plus, le vignoble est structuré autour de petits producteurs dont la rentabilité est très précaire. « Le Douro souffre de la réduction des volumes de Porto et d'un contexte réglementaire obsolète », poursuit la lettre ouverte
« Par conséquent, de nombreux raisins sont vendus en dessous de leur coût de production. Les dommages causés aux viticulteurs sont évidents, entraînant l'abandon des vignobles et le dépeuplement de la région. Une situation aggravée par le changement climatique, qui a un impact sérieux sur notre région ». Ces dires sont soutenus par des études menées au cours des quinze dernières années qui attestent du manque de viabilité des exploitations et de la nécessité de réformer le système.


Jusqu’à présent ces appels sont restés lettre morte. Mais à l’occasion de la 21ème édition de Vindouro, Wine & History, Festa Pombalina ce 2 septembre à São João da Pesqueira, le Président portugais Marcelo Rebelo de Sousa a reconnu qu’une réforme du système « est dans notre intérêt, c’est dans l’intérêt du Portugal ». Appelant de ses vœux un accord « qui ne sera pas trop long à forger » entre toutes les parties prenantes, il défend une révision rapide d’une réglementation quasi centenaire. Une prise de position qu’une filière désabusée espère sera suivie d’effet : « Nous devrions être fiers du Douro, de ses habitants et de ses vins, mais pour l'instant, nous ne pouvons que nous sentir frustrés et attristés par les dommages graves et inutiles que l'inertie à modifier le cadre réglementaire et institutionnel est en train de causer », conclut la lettre ouverte.