yant endeuillé et frappé l’Aude du 5 au 28 août, l’incendie qui parcouru 16 000 hectares cet été fait partie des dernières attentions du premier ministre, François Bayrou, qui se soumet ce lundi 8 septembre à un vote de confiance à l’Assemblée nationale qui s’annonce perdu d’avance. « L'incendie du 5 août 2025 dans les Corbières constitue un sinistre dont l'ampleur est sans équivalent depuis des décennies » constate François Bayrou dans une lettre envoyée ce vendredi 5 septembre pour lancer « une réflexion globale afin d'assurer la reconstruction d'un territoire plus résilient » avec le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER*, dépendant du ministère de l’Agriculture) et l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD, dépendant du ministère de la Transition écologique). Devant rendre leurs travaux concertés le premier décembre, les deux agences publiques doivent assurer « une mission d'appui au préfet de l'Aude [pour élaborer avec] les parties prenantes une vision partagée et de plans d'actions à court, moyen et long terme, s'inscrivant dans une cohérence globale et tenant compte des conséquences prévisibles du changement climatique » précise le premier ministre, indiquant que « l'Aude pourrait jouer un rôle de laboratoire d'expérimentation » pour le reste du territoire français.
Ce qui rappelle les demandes de plan Marshall du littoral méditerranéen portées par Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France qui est basé à Fitou (Aude), ou de Gérard Bertrand, à la tête du groupe de négoce éponyme ayant ses racines familiales dans les Corbières. « Plusieurs projets territoriaux visant à la résilience de l'agriculture dans le cadre du changement climatique devraient également bénéficier d'un financement dans le cadre du "Plan Agriculture Climat Méditerranée" » indique François Bayrou dans son courrier au CGAAER et à l’IGEDD, indiquant que « concernant la question cruciale de l'eau, compte-tenu du fait qu'elle ne peut se traiter que dans une logique zonale avec les départements partageant les mêmes enjeux, la mission travaillera en lien et en tant que de besoin avec les préfets des Pyrénées-Orientales et de l'Hérault, sous la coordination du préfet de région et de ses services. »


Venant tout juste de demander à la Commission européenne de débloquer des fonds de réserve de crise pour financer un plan d’arrachage et/ou distillation, le gouvernement de François Bayrou semble profiter des derniers instants où il est assuré d’être de plein exercice pour avancer ses dossiers viticoles. « Un mois après sa venue dans l’Aude [NDLR : le 6 août], le premier ministre, lance une mission d’appui interministérielle pour la reconstruction du territoire » résume Matignon, rappelant l’engagement d’alors « devant les élus, les représentants des professionnels agricoles et tous les sinistrés que l’État prenne une part majeure à l’effort de reconstruction du territoire ».
3 500 €/ha pour les pertes de vendanges brûlées
Annoncés le 14 août par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, le fonds d’urgence de 7 millions d’euros pour aider les trésoreries des agricultures touchés par l’incendie est mis en œuvre à partir de ce lundi 8 septembre, d’abord pour les pertes de récolte des agriculteurs de la zone du feu (sur le périmètre délimité par cette carte) afin de « permettre de premiers paiements dès le mois d’octobre » estime Matignon. La compensation s’élève à 3 500 €/ha pour les viticulteurs. « Les exploitants qui solliciteront cette aide devront s’engager à détruire leur récolte après le dépôt de la demande d’aide ou, s’ils l’ont déjà récoltée, à fournir la preuve de sa destruction » prévient la préfecture de l’Aude, ajoutant qu’« en cumulant cette indemnisation de l’État avec les primes versées par les assurances, le montant d’indemnisation total perçu par chaque exploitant ne devra pas dépasser un plafond par culture », soit 5 000 €/ha pour les vignes (concrètement, « la part prise en charge par l’État étant amenée à se réduire si l’indemnisation de l’assurance dépassait 1 500€/ha »). Pour les pertes de fonds, de bâtiments, de matériels et de récolte par goût de fumée, l’État annonce qu’un deuxième guichet ouvrira le 3 novembre.
En attendant, le premier ministre, François Bayrou, affirme dans son courrier au CGAAER et à l’IGEDD sa « conviction que la restauration des modèles antérieurs n'est, ni possible, ni souhaitable face au changement climatique et sur la nécessité de faire évoluer les pratiques, les aménagements voire d'adapter la réglementation ». Alors que la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, remettait en question l’avenir de la viticulture sur le littoral audois, son ministère indique dans un communiqué que la mission lancée « doit permettre d’identifier des solutions qui permettront de penser l’aménagement futur du territoire des Corbières sur l’ensemble des volets concernés (urbanisme, agriculture, forêt, prévention des risques, environnement), en précisant les actions à mettre en œuvre, ainsi que leur calendrier et les besoins de financement associés, afin de faire renaître un territoire plus résilient face au changement climatique tout en préservant son économie et ses richesses patrimoniales, environnementales et paysagères ».
* : Le CGAEER doit aussi rendre pour le 31 octobre son rapport sur les besoins de restructuration des caves coopératives.