Je me suis trompé, elles sont plus basses que je ne l'avais prévue » reconnaissait Jérôme Despey, au sujet de la récolte 2013 estimée par les services de FranceAgriMer. Parties de 46,6 millions d'hectolitres en juillet, les estimations sont en effet tombées à 43,2 millions hl en novembre. Rejetant toute guerre des chiffres entre les services statistiques et les professionnels, le président du Conseil Spécialisé Vin de FranceAgriMer en appelait à des prévisions collectives plus objectives. Son objectif étant « d'éviter d'avoir des répercussions sur le marché à la veille des vendanges », se traduisant par « des orientations à la hausse ou à la baisse [des cours] qui ne soient pas fidèles à la réalité ».
Au-delà de ces enjeux statistiques, Jérôme Despey était au diapason avec l'optimisme bouillonnant des allées du Sitévi lors de sa conférence de presse montpelliéraine du 26 novembre. Souhaitant mettre à profit ce « marché plus confortable, après de petites récoltes nationales », le secrétaire général de la FNSEA a souligné son intention de mettre la filière face à ses responsabilités, pour qu'elle « tranche les sujets stratégiques et prospectifs ». Regrettant toujours que les équilibres de la filière française se réglent sur les aléas climatiques (et non sur la contractualisation qui lui est chère), il exhortait les acteurs français du vin à avoir « le courage d'admettre la segmentation de la production en vins d'origine contrôlée (AOP), vins à Indication Géographique Protégée (IGP) et Vins Sans Indication Géographique (Vins de France) » afin de répondre à la question : « est-ce que nous voulons dans notre pays d'un segment VSIG ? »
Affirmant sa volonté de faire de ce débat une réflexion collective, il avouait avoir déjà sa position sur le sujet : « laisser faire n'est pas une stratégie ». Soutenant une stratégie de filière faisant leur place aux vins de France, il milite pour que la filière « admette que les VSIG ne sont pas un repli aux IGP et AOP », car en travaillant seulement avec des excédents, « elle ne peut pas être compétitive » face aux vins espagnols et italiens. En réponse aux « appréhensions » des interprofessions AOP et IGP, Jérôme Despey défendait la nécessité de « règles évitant les déséquilibres », tout en appelant aux « metteurs en marché, qui doivent faire un geste auprès de la production » pour montrer l'existence de marchés durables.
Annonçant officiellement la venue du ministre de l'Agriculture (en conclusion du Sitévi, ce jeudi « de 9h15 à 13h45 » très précisément), Jérôme Despey annonçait que la table ronde organisée sur la prochaine Politique Agricole Commune serait l'occasion de remercier Stéphane Le Foll pour son soutien dans le maintien de l'Organisation Commune du Marché Viti-vinicole et aborder le « sujet d'actualité qui a animé les bassins de production : la question de l'enrichissement ». Ayant gardé le silence sur ce dossier, le président du Conseil Spécialisé n'émet toujours aucun jugement, si ce n'est l'impérieuse nécessité d'une évolution de la réglementation. Pour lui, « on ne peut pas revivre ce que l'on a vécu cette année ». Les professionnels sont en effet unanimes sur ce sujet (pour en savoir plus, cliquer ici).