ort de son expérience de vigneron et pionnier avec son ex-épouse de l’élevage des vins en jarres, Stéphane Azémar s’est reconverti en céramiste. « J’ai conçu les jarres que j’aurais aimé avoir », explique-t-il.
Son atelier, installé à Montayral, dans le Lot-et-Garonne, au milieu d’une pépinière d’entreprises, est un joyeux fourre-tout. S’y trouvent des jarres qui sèchent et d’autres prêtes à être livrées, des palettes de bois, des palans, ses tours de potier, ses moules et outils, des chiffons accrochés çà et là, des éponges… et au fond, bien sûr, le four. Et partout des traces jaune ocre de cette argile que Stéphane Azémar travaille.
Une argile que Stéphane a choisie après bien des essais. Une fois cuite à 1 060 °C durant 48 heures, elle donne des jarres dont « la porosité permet une oxygénation lente et continue du vin, comme dans une barrique, mais sans l’apport aromatique du bois », continue-t-il.
Stéphane Azémar fabrique ses jarres en cinq parties, grâce à cinq moules en plâtre qu’il a conçus lui-même et qui s’assemblent pour former le tout. Pour chaque partie, il garnit le moule correspondant de pains de terre, puis le fait tourner sur son tour de potier et racle l’excédent de terre avec une sorte de couteau dont il pilote le mouvement à l’aide d’une commande. Ce travail terminé, il reste une couche régulière d’argile à l’intérieur du moule qui mesurera 1,8 cm après cuisson. Après un séchage d’une journée, il assemble les différentes parties entre elles.
Ce matin-là, revêtu de son tablier, Stéphane termine justement une jarre en y assemblant la dernière pièce, le col. Pour ce faire, il enduit le bord supérieur de la jarre de barbotine – de la terre très humide qui sert de liant. Puis il pose le col sur la jarre. Il malaxe la terre pour que les deux parties collent bien ensemble. Pour finir, il enlève l’excès de terre d’abord avec ses doigts, puis avec une truelle et lisse le tout à l’éponge pour former un joint continu.
Voilà une jarre terminée avec son col conique et son goulot que l’on ferme à l’aide d’une bonde de barrique. Après un mois de séchage, elle passera au four. De jaune, la terre virera au rouge. Puis viendra le test ultime : Stéphane Azémar la remplira d’eau pour vérifier qu’elle est bien étanche.
À leur réception, il conseille aux vignerons de les remplir d’eau pendant trois semaines en mouillant régulièrement l’extérieur puis de les vider et d’attendre une journée avant de les remplir de vins. Une jarre contient 165 litres. La part des anges est de l’ordre de celle d’une barrique, « de 10 % la première année, un peu moins ensuite », précise-t-il.
Stéphane Azémar livre une cinquantaine de jarres par an. Leur prix ? 750 €HT. Le Clos d’un jour, désormais tenu par son ex-femme Véronique Azémar, a été son premier client. Depuis, Stéphane s’est piqué au jeu de la création. Il invente des jarres d’ornement, certaines colorées, d’autres sculptées, d’autres encore ajourées de jolis motifs qu’il adapte en lampes. Avec sa salariée Isabelle, il a de quoi faire.