usqu’ici tout va plutôt bien ! Voilà le sentiment que semblait partager les 25 maisons de négoce qui présentaient chacun quatre vins à un public de restaurateurs, sommeliers et cavistes. « 2022 a été une très bonne année commerciale. Peut-être parce que beaucoup de monde a anticipé les hausses qui s’annonçaient pour 2023. Le début de l’année est du coup calme » confiait Pierre Heydt-Trimbach, président du Groupement des producteurs négociants d’Alsace (GPNVA), organisateur de l’événement. « En se recentrant depuis plusieurs années déjà , sur des vins plus secs, l’Alsace figure de nouveau parmi les vins à la mode. La diversité de ses terroirs est un autre atout. Il y a de la demande sur le marché du vrac, notamment pour le riesling et les pinots. Il n’y a que le gewurztraminer à être encore à la peine » confirme Claude Freyermuth, président des courtiers alsaciens.
« Cet événement est bien placé dans le calendrier et son caractère collectif attire du monde » se réjouit Etienne Sipp. Le propriétaire du domaine Louis Sipp à Ribeauvillé se déclare « serein ». Réorienter il y a dix ans ses ventes de la grande distribution vers le particulier qui pèse aujourd’hui 60 % de son activité est payant, en dépit des deux années noires dues à la crise sanitaire. « Les vins de terroir sont un créneau porteur chez ce public. Le modèle de vente au caveau et via internet permet de développer un discours qui permet de bien vendre des vins de moyen et haut de gamme ». En 2022, ce domaine bio qui vinifie 42 ha, a retrouvé en 2022 son chiffre d’affaires de 2019 qui était « une très bonne année ». Son voisin du jour, Bernard Wagner, gérant de la maison Pierre Sparr&successeurs, n’est pas là non plus « pour se plaindre ». Pour l’entreprise qui écoule chaque année autour de 500 000 bouteilles dont 80 % à l’export dans une fourchette de prix de 15 à 25 €/col, « le chiffre d’affaires se porte plutôt bien ». Elle mise sur l’Amérique du nord et la vieille Europe. « Les Etats-Unis compensent le recul du Canada. Les pays d’Europe de l’Est se comportent bien, y compris l’Ukraine en début d’année » détaille Bernard Wagner. Dans ce contexte, les interrogations concernent plutôt la disponibilité des conteneurs et l’augmentation des prix des matières sèches.
Pour les vins Henri Ehrhart à Ammerschwihr, très impliqués dans la grande distribution pour vendre la majorité de ses 5,5 millions de bouteilles/an, la priorité est de pérenniser les relations existantes mais aussi de se repositionner. D’abord en terme d’image. « Nous nous donnons les moyens de gagner en notoriété. Nous cherchons à rajeunir la clientèle » explique Cyrielle Albiser, responsable commerciale. Un autre objectif est ensuite de « travailler davantage avec la restauration où nous sommes encore peu présents ». L’entreprise qui a déjà fait évoluer sa gamme vers des vins plus secs, s’est également lancée dans le crémant. Une petite révolution pour cette maison qui, depuis sa création en 1970, ne s’était consacrée qu’aux vins tranquilles !