n entend souvent en France que l’administration national a le chic pour contrôler à fond les dossiers de demande d’aides européennes à l’export jusqu’à trouver une date ou une somme qui ne convient pas. De l’annulation des subventions aux amendes pour non-respect des règles, les opérateurs français ont souvent l’impression d’avoir les fonctionnaires les plus pointilleux d’Europe… Mais cela pourrait changer, avec un projet de contrôle particulièrement intrusif du ministère italien de l’Agriculture Matilde Poggi, la présidente de la Confédération Européenne des Vignerons Indépendants (CEVI).
Rencontrée à l’occasion du salon ProWein (19-21 mars à Düsseldorf), la vigneronne vénitienne rapporte que son administration ne souhaite plus se limiter à des pièces justificatives postérieures à un évènement de promotion sur un marché tiers. « Il serait demander de diffuser en direct sur internet ses opérations pour pouvoir en justifier de la réalité. Est-ce que vous vous imaginez sur un salon demander à votre client un instant pour poser votre téléphone et lancer une vidéo ? » s’exaspère Matilde Poggi. Au-delà de cette idée de livestream, il serait aussi question de photos géolocalisées et de demandes plus strictes sur les justificatifs de dépenses. « Si cela se réalise, beaucoup de vignerons ne demanderont plus d’aides. Quand on est en déplacement commercial, on a besoin d’être actif » pointe la vigneronne, pour qui « il faut de la simplification, pas de la complexification ».


Évoqué à l’occasion de la nouvelle Organisation Commune du Marché vitivinicole (OCM vin), ce projet italien ne passe donc pas pour les vignerons de la Botte. « En Italie nous sommes plutôt permissifs*. Mais quand nous devenons restrictifs, nous le sommes plus que tout le monde » regrette Matilde Poggi, qui souligne qu’en Italie comme ailleurs, « nous vivons des temps très difficiles. La guerre [en Ukraine] cause beaucoup de problèmes ». La présidente de la CEVI évoque notamment des pénuries de bouteilles en verre, l’inflation des coûts mais pas des prix de vente pour ne pas sortir du marché, la déconsommation sur les marchés historiques…
Des problèmes bien connus des vignerons français. Si la filière hexagonale avance sur ses demandes de distillation et d’arrachage, les vins transalpins n’en sont pas là : « des appellations italiennes commencent à réfléchir à des besoins de distillation (ce que ne soutiennent pas les vignerons indépendants, les prix sont trop bas). On ne parle pas d’arrachage… Pas encore. »
* : La vigneronne italienne précise que pour une date non-conforme ou une réduction des montants effectués, annulations et amendes pleuvent en Italie, comme en France.