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La petite récolte 2021 a obligé les vignerons à contingenter leurs vins à l'export
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Témoignages
La petite récolte 2021 a obligé les vignerons à contingenter leurs vins à l'export

Le petit millésime 2021 a entraîné une baisse des ventes à l’export en 2022. Par manque de vin, bien des vignerons doivent contingenter et faire patienter leurs clients.
Par Mathilde Hulot Le 17 mars 2023
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 La petite récolte 2021 a obligé les vignerons à contingenter leurs vins à l'export
Benoît et Emmanuelle Chauvreau, vignerons dans la Nièvre sont obligés de refuser de nouveaux clients pour honorer les commandes des anciens - crédit photo : DR
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n 2021, 22 000 bouteilles, soit la moitié d’une année habituelle. C’est ce qu’a produit Agathe Bursin, vigneronne sur 7ha à Westhalten (Haut-Rhin). Une gelée noire et une vague de mildiou ont eu raison d’une bonne partie de sa récolte. Résultat, elle n’a livré que la moitié de leur allocation habituelle à ses clients. «D’habitude, mes cuvées sont épuisées en six mois. L’an dernier, en deux mois je n’avais plus rien à vendre. Je n’ai pas pris de nouveau client et j’ai contingenté tous les anciens. Malgré cela, ils étaient contents que je leur vende… un peu ! Ils ont l’habitude de patienter.»

Je n'avais plus de stock

Dans l’appellation Sancerre, Dominique Roger, propriétaire du domaine du Carrou, 10,7ha à Bué (Cher), connaît une situation inédite en quarante-deux ans d’activité. Après le premier confinement, son fidèle importateur américain a eu besoin de vin pour étancher la soif de ses clients, des cavistes new-yorkais. En réponse, Dominique Roger lui a expédié un tiers de bouteilles de plus qu’en temps normal. Puis il perd la moitié de sa récolte de 2021, après le gel d’avril. «J’ai regretté d’avoir trop vendu aux États-Unis, je n’avais plus de stock…», déplore-t-il.

Heureusement, 2022 apporte une très belle récolte. «On a rempli les cuves, mais on n’avait plus de stocks alors que les importateurs réclamaient du vin à cor et à cri. Ils en voulaient tout de suite et, de surcroît, en une seule expédition pour minimiser les coûts de transport ! Ce n’était pas possible.»

Un acompte pour les plus pressés

Pour calmer leur impatience, Dominique Roger "libère" 15 % de ses blancs dès février cette année. Une sorte d’acompte pour les plus pressés. Mais hors de question d’aller plus loin. «Embouteiller des vins en février, c’est comme sevrer des enfants avant l’heure ! lâche-t-il. Mes vins ont besoin de temps. Je ne mettrais pas le reste en bouteilles avant mi-avril. Quand je l’explique à mes clients, ça passe.»

Freiner les ardeurs

À Saint-Andelain (Nièvre), Emmanuelle Chauveau, propriétaire du domaine Chauveau, 20ha dans les appellations Pouilly-Fumé et Coteaux du Giennois, réalise 65% de son chiffre d’affaires à l’export. Dès avril2021, elle doit freiner les ardeurs de ses acheteurs car il lui reste peu de stock après plusieurs petites récoltes. «J’ai commencé par refuser de nouveaux clients», relate-t-elle.

Finalement, elle arrive à augmenter sa récolte 2021 en achetant des moûts à son voisin. Si bien que, l’an dernier, elle a réussi à faire un chiffre plus important qu’en 2021, passant de 101 000 à 130 000 cols. Mais la demande est telle que cela ne suffit pas à contenter tous ses clients !

Dans le Languedoc aussi, certains manquent de vin pour l’export, comme Philippe Bousquet, propriétaire du Château Pech Redon, à Narbonne (Aude), 30ha dans l’appellation La Clape. Il produit 70 000 bouteilles en année normale, ce qui ne lui arrive plus très souvent.

Tout vendu en un mois

En 2019, il réalisait 50 % de son chiffre d’affaires à l’export, la moitié au Québec, aux Pays-Bas et en Suisse. Depuis, manquant de vin, il recule. En 2021, il n’a jamais connu une telle sécheresse. «La récolte était si faible que nous l’avons vendue en un mois, contre six mois habituellement, et que nous n’avons pas fait de rosé», indique-t-il. L’an dernier, ses ventes à l’export ont fondu à 11 000 bouteilles, contre 14 000 en 2021. Heureusement, il vient de faire une bonne récolte. Mais son blanc 2022 est parti dès février alors qu’habituellement il le met en bouteilles au printemps.

 

Valeur en hausse, volume en baisse

Selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), les exportations françaises de vins se sont élevées à 135millions de caisses (de douze bouteilles) en 2022, pour une valeur de 11,6milliards d’euros. Les volumes reculent de 6,6% par rapport à 2021, alors que la valeur progresse de 10,2%. «La moindre disponibilité en vins tranquilles impacte les volumes globaux à l’export», souligne la FEVS.

Tags : Exportation
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