ntigel, oui. Incassables, non. Si les câbles chauffants donnent satisfaction dans la lutte contre le gel, ils révèlent à l'usage quelques fragilités. À ce titre, ils nécessitent de prendre quelques précautions. Sinon, c’est la casse assurée !
Premier risque de couac : la section par un sécateur. Cela s’est produit chez Antoine Héraud, à Saint-Fort-sur-le-Né, en Charente. « En 2020, nous avons installé des câbles AnKhiale, vendus par SCDC, sur 1,8 ha, explique-t-il. L'année suivante, on a coupé un câble lors de la taille. On l'a réparé de suite avec un kit de connexion rapide et étanche, pas très cher, dans les 6 euros l’unité. » Pour ce viticulteur, la taille de cette parcelle est une opération à part. « On n’y enverra jamais un prestataire », assure-t-il.
Même expérience chez Julien Fouet, à Bellevigne-les-Châteaux, dans le Maine-et-Loire, en appellation Saumur-Champigny. Il y a trois ans, il a équipé 3 ha de Vinicâbles, de Yesss Électrique. « Nous avons sectionné deux de ces câbles lors de la taille, affirme-t-il. Nous les avons réparés facilement grâce à des kits achetés à un prix anecdotique. Nous demandons aux tailleurs de faire attention. Mais pour moi, ce risque n'est pas à prendre en compte lorsqu'on veut investir dans une solution contre le gel. »
Gilles Di-Blas, vigneron à Maligny dans le Chablisien (crédit photo Gilles Di-Blas)
Dans le Chablisien, à Maligny, Gilles Di-Blas n'a encore jamais coupé un câble. Contrairement à ses confrères, si cela lui arrivait, il ferait appel à un électricien. « Je n'ai pas de formation, raconte ce viticulteur, qui a posé des câbles Prysmian à trois fils. Alors je demande aux salariés de faire particulièrement attention. On n’a pas le droit à l’erreur. »
Au Domaine Boinaud, à Angeac-Champagne, en Charente, 12 ha sont équipés de câbles chauffants depuis quatre ans. Ici aussi, les tailleurs sont priés de faire très attention. « Pour tailler sans abîmer le câble, il faut parfois tirer le bois pour passer la contre-lame entre le fil et le bois, puis enlever le bois de taille, explique Géry Combaud, le directeur technique. Cela peut grimper à 5 % de temps supplémentaire. Mais une fois la taille terminée, il n'y a plus de risques pour les câbles durant la saison. »
Dans ses vignes plantées à 1 m entre les rangs, Gilles Di-Blas doit aussi faire particulièrement attention lors du brûlage des sarments. « Dans le cadre d’une Cuma, nous avons équipé de câbles 63 rangées de vignes plantées à 1 m d’interrang. Nous brûlons les sarments dans des brouettes des 70 cm de large, donc très proches des câbles. Si la chaleur grimpe, on les secoue pour faire baisser la température. On essaie aussi de bien les caler pour que le vent ne les couche pas sur les fils. » Le vigneron évoque l'un de ses confrères qui, face au risque de brûler les câbles, est passé au broyage des sarments.
Attention aussi au croche-patte ! En bout de rang, les câbles reliés à l’armoire électrique durant toute la période de risque de gel peuvent gêner le passage des tracteurs. « Sur la parcelle protégée par les câbles, nous ne travaillons pas le sol, décrit Antoine Héraud. Et si la période de risque est longue et qu’il y a un premier traitement à faire, nous retirons les câbles de liaison. »
Au Château Durfort-Vivens, à Margaux, en Gironde, 0,5 ha sont équipés depuis 2020. Durant toute la période de risque, aucun tracteur ne peut entrer dans cette parcelle. « Ça peut nous gêner si la période est longue », admet Léopold Valentin, directeur technique du château.
Léopold Valentin, directeur technique du château Durfort-Vivens (crédit photo CG Lurton).
Et du croche-patte au croche-lame, il n'y a qu'un pas. « Notre réseau est enterré et les câbles chauffants suivent les fils d'amarre, décrit Géry Combaud. Pour le travail des rangs, nous demandons aux chauffeurs de déployer et de terrer les lames seulement une fois les amarres passées. » C'est l'affaire d'un passage par an.
Parmi les autres précautions, il faut veiller à bien remblayer les tranchées creusées lors de l'enterrement des réseaux. « Chez nous, le sol s’est affaissé par endroits, signale Gilles Di-Blas. C’est un peu chaotique pour entrer dans la parcelle. » Julien Fouet est confronté à un problème similaire. « En bout de rang, à cause du long porte-à-faux d'un outil de travail du sol à disque porté, j'ai cassé un regard vers le réseau », indique-t-il.
Un test est également nécessaire avant de démarrer l’installation. « Les tableaux électriques et le transformateur peuvent avoir pris de l’humidité », met en garde Gilles Di-Blas. En saison, attention au rognage. « Au moindre écart de conduite, on risque d’abîmer ou de couper un câble », prévient Michel Pescheux, vigneron à Avirey-Lingey, dans l'Aube, qui a équipé 40 ares en fils chauffants fournis par SCDC. Les câbles antigel ont beau être résistants aux conditions climatiques, ils ne sont pas à toute épreuve.
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Pour bien protéger les vignes, les câbles chauffants doivent les suivre au plus près. C’est ce que relève Léopold Valentin, directeur technique du château Durfort-Vivens à Margaux (Gironde) après deux saisons d’utilisation. « Sur les jeunes vignes très linéaires, les câbles suivent parfaitement les bourgeons, il n’y a pas de problème. En revanche, sur les vieilles vignes en guyot, un câble trop tendu ne sera pas efficace : des bourgeons risquent de se retrouver à l’extérieur du halo de chaleur. Il faut alors veiller à détendre un peu le câble et à le rapprocher des bourgeons. » Même observation chez Gilles Di-Blas, viticulteur dans le Chablisien : « Il ne faut pas que le câble chauffant soit trop tendu ; il faut qu'il touche la baguette ».