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Dans le Muscadet, une prétaille manuelle pour soulager les tailleurs confirmés
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Pratique locale
Dans le Muscadet, une prétaille manuelle pour soulager les tailleurs confirmés

Dans le vignoble nantais, le premier coup de sécateur est donné par des ouvriers peu qualifiés, qui coupent la branche fruitière. Cette prétaille, appelée déracage, fait gagner du temps au personnel formé pour la taille.
Par Marion Coisne Le 14 décembre 2022
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 Dans le Muscadet, une prétaille manuelle pour soulager les tailleurs confirmés
Sébastien Renaudin, chef de culture au domaine du Cléray, à Vallet (44), déraque une parcelle de chardonnay. L'opération consiste à couper la branche fruitière à la base. - crédit photo : M. Coisne
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« On coupe la branche fruitière à la base, on la sort du palissage, on la débite en quelques morceaux et on la jette dans l'interrang », explique, sécateur électrique à la main, Sébastien Renaudin, chef de culture au Château du Cléray, à Vallet (Loire-Atlantique). En quatre ou cinq coups de sécateur, la prétaille est faite et le cep prêt à être taillé.

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Sébastien Renaudin, chef de culture au Château du Cléray, à Vallet (Loire-Atlantique) en train de couper la branche fructifère (crédit photo Marion Coisne)

Depuis octobre, dans les vignes nantaises, des équipes s'attellent à ce travail. Cette tâche, appelée localement déracage, est réalisée par des ouvriers souvent peu qualifiés, payés au cep. Dans beaucoup de domaines, ils reviendront pour le pliage. Entre-temps, des salariés ou des prestataires confirmés s'occuperont de la taille. Une particularité locale : dans les autres vignobles, les vignerons et leurs équipes s'attaquent généralement directement à la taille, avant de céder la place à des ouvriers moins formés, rémunérés pour tirer les bois.

Pour la prétaille, commencée à la mi-octobre sur les 90 ha de son domaine, Sébastien Renaudin travaille généralement avec un Esat (établissement ou service d'aide par le travail) ou un atelier de réinsertion. « Ils s'en occupent jusqu'à fin février, puis font le pliage jusqu'à fin avril, en commençant par les parcelles les moins gélives, et ils enchaînent sur l'ébourgeonnage », précise le viticulteur.

Les sept permanents, lui compris, taillent depuis mi-novembre et nettoient les baguettes de façon qu'elles soient prêtes à être pliées. Sur certaines parcelles, le système est différent : des prestataires font la taille complète (prétaille-taille-pliage), puis l'ébourgeonnage et le relevage.

La fatigue physique est réduite

Sébastien Renaudin taille en Guyot simple, avec deux coursons et une baguette à 8 à 10 yeux pour le melon de Bourgogne, et à 12 yeux pour le sauvignon et le chardonnay. Le melon, présent sur la moitié du vignoble, est palissé à un fil et le reste (sauvignon, chardonnay et jeunes vignes) à trois fils, un porteur et deux releveurs. Ces derniers sont dépalissés mécaniquement après les vendanges, avec un outil fait maison monté sur un tracteur enjambeur qui passe derrière les releveurs et arrache les vrilles qui s'y sont accrochées. « Ce passage diminue fortement la fatigue physique pour le tirage des bois, ajoute Sébastien Renaudin. Avec toute cette organisation, nous affectons nos permanents aux tâches les plus qualifiantes. »

Une raison invoquée aussi par Thierry Martin, du domaine Martin Luneau, 32 ha à Gorges (44) : « au lieu de passer deux minutes à tailler un cep, on n'en passe qu'une. On gagne du temps et on peut réserver les salariés formés à la taille pour ce travail ».

Lui aussi est en Guyot simple, avec un cep à trois têtes, deux coursons et une baguette de 10 à 12 yeux. La moitié de sa surface est palissée en un fil, et le reste en trois. Ici, les fils releveurs sont descendus et accrochés à une vingtaine de centimètres sous le fil porteur de suite après les vendanges. « Les vrilles ne sont pas complètement aoûtées, ainsi on libère facilement les sarments », indique Thierry Martin.

Au domaine Martin Luneau, seule la moitié des vignes est déraquée. « On enlève la baguette à fruit sur les vignes très vigoureuses, comme les cabernets, sauvignon et chardonnay, et sur celles où elles sont enroulées et attachées serré sur le fil, souvent des jeunes vignes. C'est là qu'on gagne le plus de temps », précise le viticulteur. Sur le reste, la taille se fait en un seul passage, car la branche fruitière est plus facile à enlever.

Taylorisation

Par le passé, le déracage était de mise sur tout le domaine. Le mode opératoire a changé avec l'arrivée d'un attacheur électrique, qui lie moins serré. Les deux salariés du domaine sont habituellement dédiés à la taille tandis que des ouvriers roumains employés via le groupement Valore dépalissent et prétaillent. « Mais, cette année, les vendanges précoces nous ont laissés le temps de tout faire nous-même », ajoute Thierry Martin.

Quant au risque d'erreurs à confier un sécateur à des équipes peu formées, il est quasi inexistant assurent les viticulteurs. « C'est hypersimple. Tu montres le travail pendant trente minutes et ça roule », affirme Laurent Bouchaud, installé sur deux sites totalisant 30 ha au Pallet (44). De même, interrogés sur l'impact sur les maladies du bois, les producteurs ne font pas état de problèmes particuliers.

Pour Romain Mayet, ingénieur agronome à la Fédération des vins de Nantes, la pratique du déracage pourrait s'expliquer par la densité élevée dans le Muscadet et par la surface importante des domaines, nécessitant de commencer tôt la taille et de finir tard. « Il peut y avoir un intérêt à ?tayloriser? les tâches, en séparant le déracage de la taille. Il n'y a pas besoin d'être un expert pour trouver la branche principale et la couper. » Autre hypothèse : en commençant tôt, on peut embaucher les salariés ayant fait les vendanges. Difficile d'établir une raison historique claire à la pratique du déracage. « Peut-être que c'est juste un usage », ajoute Romain Mayet.

0,06 € par cep pour le déracage

Les tarifs à la tâche sont publiés chaque année par les directions départementales de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) de Loire-Atlantique et Vendée. Pour la campagne 2022-2023, il est de 0,19 €/cep pour la taille complète, avec une référence en Guyot avec long bois. Pour la prétaille, le salaire dû est égal aux 3/10e du salaire de la taille, soit 0,06 €/cep.

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