n local de l’étape, le rugbyman professionnel Rémi Lamerat, actuellement joueur de l’Union Bordeaux Bègles (UBB), est venu animer une conférence proposant d’établir des passerelles entre management d’un groupe de joueurs professionnels de rugby et le management tel qu’il devrait être mis en œuvre au sein d’une entreprise viticole. Aux côtés du conseiller prévention de la MSA de Gironde Alexis Pagnac et du formateur en management François Marque, le rugbyman s’est prêté au jeu des parallèles entre gestion humaine de salariés viticoles et management d’une quarantaine d’égos de sportifs de haut niveau.
« J’ai très tôt préparé ma reconversion professionnelle avec l’intention de m’orienter vers l’univers touchant au vin. Je suis maintenant engagé depuis plusieurs années dans la production viticole avec 10 ha de vignes à Yvrac (Gironde). Dès l’été prochain, j’y serai pleinement engagé alors que j’achève ma dernière saison de joueur professionnel cette année », situe Rémi Lamérat. Alors que François Marque souligne la compétence est essentielle pour un manager d’entreprise viticole, « qui doit autant être légitime sur le plan technique, qu’organisationnel ou dans le relationnel solide avec les salariés », le joueur natif de Sainte-Foy-la-Grande abonde en ce sens en relatant qu’un joueur « a besoin de sentir que le manager est pointu sur les aspects techniques du jeu pour comprendre précisément les ressentis de ses joueurs, mais doit également être en capacité d’embarquer un groupe de 40 individualités dans un projet commun ».
Le conseiller MSA et le consultant formateur accompagnent les entreprises viticoles girondines dans la mise en place d’un management efficace axé sur 8 valeurs cardinales groupant écoute, confiance, humilité, exemplarité, exigence, bienveillance, passion et optimisme. « Si la motivation d’un salarié passe certes par l’aspect financier, elle n’est globalement pas mise ne priorité lorsqu’on interroge les salariés. trois leviers essentiels se distinguent pour motiver les salariés : donner du sens au travail et missions qui sont affectées, échanger avec le salarié et l’associer aux prises de décisions, et enfin permettre et faciliter la cohésion au sein d’une équipe », déroule Alexis Pagnac.
Alors qu’une intervention vidéo de son ancien coach béglais, Christophe Urios, vient éclairer la conférence sur le sens donné au travail, le joueur rebondit sur le propos du truculent manager, récemment démis de ses fonctions à l’UBB, et accessoirement vigneron dans le Minervois. « Dans son management, Christophe démarre chaque saison par un atelier de vision, qui se découpe sur plusieurs réunions. Au cours de celles-ci, l’ensemble du groupe propose et vote les marqueurs et valeurs référentes sur lesquelles s’accorde l’ensemble du groupe, et sur lesquelles il se retrouvera tout au long de la saison. On ne s’y réfère pas nécessairement quand tout roule, mais je vous garantis que lorsqu’on traverse des moments difficiles dans une saison, comme c’est le cas actuellement, ces repères prennent une importance capitale pour que le groupe ne lâche pas le cap », valide le trois-quarts centre international. Si ce concept de vision peut paraître impromptu dans une entreprise viticole, Christophe Urios explique l’avoir mis en application au sein de la propriété minervoise. « La première fois, les salariés m’ont pris pour un OVNI en se demandant ce qui leur arrivait, mais après deux ou trois visions, ils commencent à intégrer le concept et adhérer à sa mise en place », explique le coach originaire d’Olonzac, au cœur du Minervois.
L’importance du feedback régulier, négatif sans jamais oublier de mettre en avant le positif, la solidarité et les moments de cohésion d’un groupe sont autant de points de repère mis en avant autant par le consultant en mangement que par Rémi Lamerat. « Les salariés viticoles expriment trop souvent qu’ils n’ont pas de retours de leurs supérieurs concernant les choses qu’ils font bien, c’est pourtant une chose simple à mettre en route qui contribue fortement à donner du sens au travail, et associer pleinement le salarié à la performance de l’entreprise », insiste Alexis Pagnac. Rémi Lamerat ne peut qu’acquiescer en rebondissant sur la prépondérance de toujours apporter à un joueur un retour sur les choses qu’il fait bien et moins bien, « autant pour la performance individuelle que collective », appuie-t-il.
Un vigneron girondin présent dans l’assistance interpelle pourtant sur les difficultés de construire une vie d’équipe sur les exploitations, « alors qu’il est très habituel d’avoir des salariés qui se retrouvent souvent seuls dans des tâches répétitives de plusieurs jours, pouvant alors aller directement sur les parcelles sans passer par l’exploitation », ou bien encore dans le cas de saisonniers. Alexis Pagnac et François Marque rétorquent en effet ne pas être en mesure d’apporter une solution miracle, « mais l’application de la méthode de management et les pratiques associées dotent l’entreprise d’un atout solide pour attirer les salariés et les fidéliser », appuie François Marque.