n concluant que « pour un même programme de traitements, les applications par drone s’avèrent dans l’ensemble moins efficaces que celles par pulvérisateurs classiques (pulvérisateur à dos, voute pneumatique, canon fixe), notamment en cas de fortes pressions en mildiou ou en oïdium », ce n’est pas peu dire que d’affirmer que le récent rapport de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) a irrité parmi les dronistes de France et de Navarre. « La réalité du terrain, c’est le seul juge de paix » pose Didier Carré, à la tête du jeune fabricant français AEP Drone (fondé en 2021 au centre d’essais en vol de Brétigny sur Orge), reconnaissant que « les conclusions de l’ANSES font réagir. Les expériences auraient dû être approfondies, elles sont trop fragmentaires », alors qu’il mène depuis deux ans des essais qu’il juge plus probant dans le vignoble du clos Moreau (13 hectares de vignes en appellation Mercurey) avec ses drones (AEP 6L et AEP 10 L, commercialisés 15 à 25 000 €).
« On pourrait qualifier de hâtives les conclusions de l’ANSES » confirme le vigneron Pascal Massenot, soulignant que la pulvérisation à dos date d’une époque révolue et que sur ses parcelles aux pentes supérieures à 30 %, « quand on y va, c’est du pilotage… Casse-gueule… Le drone va tout changer au niveau de la dangerosité. Au lieu de monter sur l’engin, on va regarder faire. » Soulignant être partis d’une feuille blanche il y a deux ans, le droniste et le vigneron indiquent avoir validé par l’essai l’efficacité de cet épandage aérien (via des papiers hydrosensibles).


« Avec un drone, on réussit à atteindre le pied de vigne, contrairement aux conclusions du rapport de l’ANSES » indique Didier Carré, défendant un résultat d’épandange équivalent entre la pulvérisation par drone et par tracteur. La clé étant pour lui « le changement des buses toute le long de la végétation saisonnière d’une vigne : classique en début de végétation et on passe à un buse à effet vortex à partir de juin », ainsi que l’optimisation par l’essai de la vitesse, du débit… Et une hauteur la plus rase possible par rapport à la végétation.
Dans ces conditions, « les résultats sont positifs à tous les niveaux » rapporte Pascal Massenot qui salue la simplicité d’utilisation de cet outil. « La solution est déployable en cinq minutes » souligne le vigneron bourguignon. Si l’épandange aérien de phytos est interdite, « la situation va se débloquer toute seule par la force des choses » espère Pascal Massenot, notant que l’alimentation électrique des drones décarbone leur usage.
Restant interdit, le traitement par drone des vignes en forte pente est attendu avec impatience par Didier Carré et Pascal Massenot. Qui soulignent la nécessité de faire attention lors de la manipulation des produits phytosanitaire. « On a vu des télépilotes remplir des bidons sans protection… Ce n’est pas possible » alerte Didier Carré, prônant l’usage d’Equipements de Protection Individuels (EPI). Lançant ses drones à buses interchangeables, le droniste propose trois outils en un : pulvérisation liquide donc, mais aussi épandage de granulés (pour les semis) et de trichogramme (pour le maïs). Si le marché français est actuellement freiné, Didier Carré indique travailler à l’étranger et avoir déjà reçu une offre de rachat… De quoi confirmer pour lui que le drone est la solution d’avenir.