uatre vignerons sont posés en équilibre dans un bateau instable : un conventionnel certifié HVE, un autre en bio, le suivant en biodynamie et le dernier nature. Le premier accuse le deuxième de polluer le sol avec du cuivre et l’air avec son bilan carbone. Le deuxième moque les racines anthroposophes des pratiques du troisième. Qui lui-même tacle l’absence de définition réglementaire du quatrième. Ce dernier attaquant le premier pour son label gouvernemental ne méritant pas son nom. Bref, les quatre tombent à l’eau. Une caricature ? Sans aucun doute ! Mais rapporter ces invectives n’est pas une blague : elles volent souvent entre ces familles se voulant irréconciliables. Le vignoble étant constitué de chapelles, chacun est l’hérétique d’un autre. En dehors des anathèmes, le dialogue se réduit parfois à portion congrue : comme si reconnaître les qualités de l'autre revenait, pour certains, à compromettre la pureté de son approche.
« On a beaucoup disputé là-dessus ; et, comme il arrive d’ordinaire en de pareilles controverses, les arguments se sont croisés à vide, sans s’affronter ni se répondre » résume Maurice Gennevoix, dans son avant-propos à l’édition définitive de Ceux de 14 (éditions Flammarion, 1949). Pour innover réellement, tout l’enjeu est de prendre de la hauteur pour penser en dehors des postures, en rompant les frontières étanches tirées entre famille d’opérateurs. Une approche œcuménique que souhaite porter le trophée des Vignes d’Or, l’occasion de soutenir les bonnes idées et pratiques originales qui naissent dans toute la filière vin. De quoi échanger et inspirer. Que le choc de certaines oppositions de principe ne ferme par le débat et les possibilités d’améliorations croisées. Prenez quatre vignerons, que chacun parle et écoute à son tour : d’où qu’il parle, chacun aura de bonnes idées et des retours d’expériences enrichissants pour les autres. Une évidence ? Certes, mais pas inutile à rappeler !