a mise en œuvre de la taille mécanique en cordon unilatéral libre implique d’avoir « des "rails" droits et forts comme un pont suspendu mais sans haubans », a insisté Christophe Gaviglio, ingénieur à l'Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) spécialisé en agroéquipement et viticulture de précision le 25 octobre lors d’un webinaire « Tout savoir sur le palissage d'un Vignoble Innovant et Ecoresponsable » organisé par l’Anivin de France en collaboration avec l’IFV.
Il faut donc impérativement éviter la torsion des ceps, les crosses sur le cordon et les vagues sur la longueur du rang provoquée par une mauvaise tension du fil porteur. La clé de la réussite passe aussi par une production et des départs en végétation qui doivent se faire au-dessus du fil porteur. Dans le cas contraire, cela va nuire au débit de chantier, à la régularité de la production et demander une reprise manuelle plus importante.
Pour cela, il ne faut pas lésiner sur le palissage. Et sa rigidité passe par le choix des amarres, des piquets de tête, le nombre de piquets intermédiaires, la pose de tuteurs, un fil porteur d’un diamètre 3 mm, la position des piquets par rapport à la souche qui se raisonne au cas par cas. « Certains vont préférer avoir le piquet près des souches pour pouvoir venir travailler entre chaque pied de vigne avec un intervalle régulier alors que lorsque l’on met le piquet entre deux souches, on créé des espaces plus petits dans lesquels il est plus difficile de venir désherber mécaniquement si on un jour on veut désherber mécaniquement », a expliqué Christophe Gaviglio. Et avoir le piquet sur la souche peut aussi jouer le rôle de tuteur au moins à un endroit et donc de rigidifier l’ensemble.
C’est ce qui va supporter la tension sur toute la ligne. Or pour qu’elle vaille le coup, la taille mécanique se pratique généralement dans des parcelles où les rangs sont longs 200, 400 m (pourquoi pas avec des travées intermédiaires car il a aussi des aspects pratiques à prendre en compte). « Donc on va avoir des rangs longs qui vont devoir supporter une tension sur une grande longueur donc il ne faut pas hésiter à renforcer tous les éléments qui vont permettre de conserver cette rigidité et le côté horizontal du cordon sur lequel va se faire la production ». Il faut donc soigner l’ancrage et « reporter la hauteur du piquet pour aller implanter l’amarre ». Par exemple si la hauteur du piquet est d’1m10, la distance d’ancrage doit être la même a expliqué l’expert. Il recommande également d’opter pour des amarres « costauds » de 1m50 avec des disques de 150 mm de diamètre.
Ils jouent également un rôle important dans l’alignement de l’ensemble du système et sa rigidité. « En raison de la forte tension subie à l’installation et durant la culture avec la végétation et le vent il peut y avoir une torsion du piquet de tête. Cela arrive quand le fil porteur tire un peu sur le côté. L’alignement au moment de l’installation est donc crucial pour éviter d’avoir ces configurations qui induisent un petit décalage latéral qui peut s’accentuer dans le temps ». Il faut donc veiller à opter pour des piquets qui procurent à la fois la rigidité et permettent un bon alignement. Christophe Gaviglio a cité notamment les piquets type IPN avec des fixations Vignetinox qui permettent un bon alignement de par leur conception iso des deux côtés permettant un tirant centré sur le milieu de la poutre. Toutefois leur coût est relativement élevé : 18 € voire plus. Mais ils permettent de supporter des charges jusqu’à 40 tonnes/ha. L’expert a aussi cité les piquets intermédiaires de section ovale ajourée pouvant supporter des charges un peu moindre (20 t/ha) mais qui permettent de conserver l’alignement. Les piquets de tête Oscar avec mâchoire conique pour tenir la tension permettent aussi de conserver l’alignement sans vriller. Des systèmes similaires peuvent aussi être installés sur des piquets en bois.
L’idéal est d’en mettre un tous les quatre pieds. Ce qui important pour ces piquets, c’est la tenue latérale. Il faut donc les enfoncer au maximum et pour cela privilégier la longueur. La tenue latérale dépend de l’exposition au vent des parcelles. « Si l’on a un vent latéral, cela va être compliqué et dans ce cas il faut privilégier la longueur et la rigidité ». Par exemple "une longueur d’1m60 peut être un peu juste pour un piquet qui dépasse 1m10. Cela peut en revanche être suffisant si l’objectif est d’avoir un cordon à 90 m. A voir en fonction du terrain, de l’exposition au vent".
Autre point à prendre en compte : l’encoche sur le piquet et le système de fixation sur le fil porteur qui doit assurer une bonne tenue de l’ensemble. D’ailleurs « Il ne faut pas hésiter à consolider le système de passage du fil porteur dans le piquet pour que l’ensemble soit bien bloqué ».
Selon Christophe Gaviglio, ils sont indispensables. Car sans tuteur, surtout dans les vignes jeunes où la production est importante les pieds ont tendance à s’arquer sur les côtés et peuvent être abîmés lors du passage des machines.
L’expert insiste aussi sur le fait qu’il ne faut pas faire d’économie sur le choix des tuteurs et veiller à leur diamètre. « Même pour un fer à béton de 6 mm c’est insuffisant et on peut avoir une courbure qui se créée sous la charge. Avec 8 mm on a déjà quelque chose de plus rigide ». Attention aussi à la bonne fixation du tuteur au fil porteur. Le tuteur ne doit pas dépasser du fil porteur et se retrouver dans la zone de coupe. Attention aussi au choix du système de fixation qui doit lui aussi être adapté pour éviter que le tuteur se décroche du fil porteur lors du passage des machines à vendanger ou en cas de vent.