venturier et inventif, Raphaël Bernat a détourné une épampreuse de sa fonction d’origine pour la transformer en désherbeuse confinée qui récupère la bouillie ! Un concept imaginé pour « désherber efficacement avec 450 g/ha/an de glyphosate », explique cet entrepreneur et viticulteur sur 20 ha à Mombrier, en Gironde.
Dans ses vignes, Raphaël Bernat alterne travail de l'interrang et enherbement. « Je travaille le sol ou je tonds jusqu'à lécher les souches. Il reste une bande étroite de part et d'autre de la ligne de souche, de 20 cm à 30 cm de large en tout, que je ne travaille pas et que je désherbe », confie-t-il. Le 26 juillet dernier, il a exposé sa machine lors de la journée sur le désherbage, organisée par le Vinopôle de Bordeaux.
Raphaël Bernat est parti d’une rampe d’épamprage Dhugues qu'il a modifiée pour lui adjoindre un circuit de récupération de sa conception. En sortie d'hiver, il applique un prélevé – souvent du flazasulfuron – additionné d'une faible dose de glyphosate, avec une rampe classique aux jets dirigés vers le sol et dotée d'un cache. C'est ensuite qu'il se sert de sa rampe avec ses jets à l'horizontal.
« On intervient quand les plantes ont atteint 20 cm de haut environ. On les mouille au maximum et on récupère ce qui traverse. On dépose l'équivalent de 800 à 900 l/ha de bouillie sur les plantes traitées. On fait un lessivage, tout en utilisant peu de bouillie à l'hectare. Dans mes vignes plantées à deux mètres, je passe à 5 km/h. Je traite un ha par heure. Ainsi, je maintiens un débit de chantier élevé et je désherbe efficacement et à un coût raisonnable. »
L'an dernier, Raphaël Bernat a tenu ses rangs propres avec trois passages : un en sortie d'hiver et deux avec sa rampe. Cette année, compte tenu de la sécheresse, deux passages ont suffi : le premier en sortie d'hiver et le second avec sa désherbeuse.
Montée sur un mât Provitis, la rampe est fixée à l'avant du tracteur. Déportée sur la droite, elle traite un rang par passage. En cas d’obstacle, elle s’efface vers l'arrière et revient par un ressort. La cuve, ici une Atasa, est attelée à l’arrière.
Raphaël Bernat a équipé son premier modèle de deux buses Albuz AVI OC bleues, à jet plat de 80° d'angle. Déjà, il envisage des évolutions. « Je vais installer plusieurs buses de 20° pour avoir un jet bien horizontal qui soit moins intercepté par le sol. Je vais agrandir la zone de confinement pour récupérer un maximum de bouillie et monter un autoguidage. On sera alors sur un concept vraiment fait pour désherber. » Un concept avec lequel il imagine utiliser du Belhouka en été.
Autre évolution en réflexion, un appareil pour traiter deux rangs par passage qui serait attelé sur le porte-masse avant du tracteur. « Je veux proposer une machine qui puisse servir aussi pour les premiers traitements contre l’Excoriose, les maladies du bois ou pour traiter les jeunes plants de vigne pour lesquels peu de machines existent. »
Parti d'un vieil outil, Raphaël Bernat se lance dans la fabrication d'une présérie. Avec lui, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !
Raphaël Bernat se prépare à lancer la fabrication de sa rampe au sein de la société Tec Pulvérisation qu'il a rachetée en 2015. Il ne lui manque qu'une chose : que l'incertitude sur le sort du glyphosate soit levée car elle empêche les viticulteurs de se décider pour une solution comme la sienne. En attendant, il avance prudemment. « J’installe la fabrication près de Pau, sans salarié. Pour le moment, je ne travaille qu’avec des sous-traitants. » Les premières livraisons sont prévues l'an prochain. Prix : entre 5 000 et 10 000 €, mât compris.