« Le point de départ, c'est le passage au bio », se rappelle Cyril Abela, viticulteur à Montignac. Un basculement qu'il conditionne à l'amélioration du débit de chantier du désherbage mécanique. Et comme il ne trouve pas de machine répondant à cette exigence, il se met en tête d'en fabriquer une. En 2019, il se lance dans la conception d'un châssis ventral pour travailler deux rangs par passage, à poser sur son tracteur John Deere 5080 R. Bingo ! Dès les premiers essais, le porte-outil répond à ses attentes. En 1 h 30, dans ses vignes plantées entre 2,5 et 3 m d'écartement, Cyril Abela arrive à rogner, à tondre et à travailler 3,5 ha sur le rang. En 2020, il précipite 100 % de ses 120 ha de vignes en appellation Bordeaux et Entre-Deux-Mers en bio.
Le prototype du Viti Rider à l'oeuvre dans une parcelle de Cyril Abela, en combiné avec une rogneuse tondeuse Gimbre (crédit photo Vincent Gobert)
Très vite, d'autres viticulteurs voient sa machine au travail et toquent à sa porte. Une nouvelle aventure démarre en septembre 2021 avec l'ouverture d'un atelier de mécanique agricole nommé Chassi'Nov. En ce mois de juin, Cyril arrive au bout de son quatrième châssis Viti-Rider. « Après avoir fabriqué le prototype que j'utilise toujours, j'ai fait deux autres châssis, l'un pour le Médoc et l'autre pour l'Entre-Deux-Mers. Cette troisième commande partira aussi en Entre-Deux-Mers. Tout ça, sans aucune communication. Nous avons à peine eu le temps de déposer les brevets. »
En fait, lorsque Cyril s'est mis en tête de passer en bio, il existait déjà sur le marché un porte-outil pour travailler deux rangs par passage, le châssis traîné Émissoles. « Mais je trouvais compliqué dans les tournières d'avoir un outil attelé à l'arrière du tracteur, qui plus est fatiguant parce qu'il faut toujours se tourner pour regarder dessus. Et puis l'attelage arrière déjà pris complique la combinaison d'outils », explique le viticulteur. Le voilà parti pour concevoir un châssis à fixer en position ventrale du tracteur, le Viti-Rider.
Aujourd'hui, le jeune fabricant propose deux modèles de châssis. L'un pour les vignes plantées de 1,5 à 2,2 m et pesant 1 t, l'autre pour les vignes de 2,5 à 3,2 m d'inter-rang, d'un poids d'1,9 t. « Et nous travaillons sur des plans pour tracteurs de type fruitiers. » Le gros châssis est au prix tarif de 42 000 ?, le petit à 39 000 ?.
À l'aide d'un chariot de dépose, on amène l'outil devant le tracteur pour l'enchâsser et le fixer à l'aide de boulons sur deux interfaces - une devant le bloc-moteur, l'autre en entre-roues - spécialement conçues pour chaque modèle de tracteur. « Ça ne prend que cinq minutes, garantit Cyril. Le décrochage aussi. Ainsi, on ne condamne pas le tracteur. » Autre class='img-fluid' style='max-width:680px;width:100%' srcité du Viti-Rider : les outils de travail du sol, - disques émotteurs et doigts, pour le moment - sont montés face à face sous chaque tunnel. « On peut passer entre 7 et 10 km/h, tout en limitant les projections de terre car celles-ci s'annulent », décrit Cyril.
Sous les tunnels, chaque outil est monté sur une échelle hydraulique. L'utilisateur dispose de quatre réglages hydrauliques : écartement, pincement, centrage sur le rang par palpeur et enfin montée et descente des outils. Chez lui, Cyril utilise toujours son prototype en travail combiné avec une rogneuse, un broyeur de sarment, un gyrobroyeur ou un cover-crop attelés à l'arrière. « Au total ça me fait travailler le sol des rangées en moyenne sept à huit fois par saison, toujours avec les disques et les doigts bineurs. »
Modèle Viti Rider pour tracteur vigneron (crédit photo Vincent Gobert)
Comme atelier, Cyril dispose d'environ 400 m2 dans un hangar, sur son exploitation. C'est là qu'il assemble ses châssis. « En amont, un bureau d'études nous accompagne pour étudier l'intégration du Viti-Rider au tracteur du client et pour réaliser des plans 3D industriels. C'est avec lui que nous sommes passés de mes esquisses à des plans. Sur ses conseils, nous avons augmenté la section des tubes et diminué leur épaisseur pour avoir un outil moins lourd et plus résistant. Je passe aussi par des prestations pour la découpe et le pliage de tôles. Mon but est d'industrialiser la fabrication. »
Parmi les petits plus intégrés au fil de l'aventure, Cyril a ajouté des feux de travail LED à l'intérieur des tunnels. Désormais, il étudie la possibilité de monter d'autres outils que des disques et des doigts sur le Viti-Rider, comme des lames intercep ou des brosses-épampreuses à axe horizontal. « Je n'ai jamais monté de lames sur le Viti-Rider. Nous fabriquons à la demande du client, rappelle-t-il. On s'adapte au tracteur et aux outils en partie basse. La partie haute du porte-outil, poutrelles et tunnels, est en revanche standardisée. »
Si les commandes suivent, Cyril et ses trois associés réfléchissent à investir, par exemple, dans un scan 3D. Ils réfléchissent aussi à exposer au Vinitech se disant qu'il est temps de se faire connaître ! Pour l'heure, ils finissent leur quatrième Viti-Rider, le floquant avec les autocollants et y posant les plaques de protection métalliques au nom du châssis et de l'entreprise qui viennent d'arriver.
Deux modèles pour vignes plantées de 1,5 à 2,2 m et de 2,5 à 3,2 m. Quatre réglages hydrauliques : écartement, pincement, centrage sur le rang et montée / descente. Débit hydraulique maxi demandé de 20 l/min. Brides standards pour monter n’importe quel outil. Boîtier ou joystick de commande en cabine. Poids de 1 ou 1,9 t en fonction du modèle. Puissance de traction mini pour la version large 100 ch ; 80 ch pour le châssis étroit. LED intégrées. Sortie d’échappement modifiable et inox. Option plaque avant pour attelage rogneuse.