près trois années d’absence, l’édition 2022 de la London Wine Fair était très attendue. « Tout le monde avait vraiment hâte de se retrouver en personne », confirme Cécile Lavaud-White, directrice de la société d’importation Les Producteurs et Vignerons de France, qui représente une dizaine de structures françaises dont la coopérative Sieur d’Arques et la maison ligérienne Bougrier. « L’édition 2022 était d’autant plus importante qu’il s’agissait de la quarantième London Wine Fair », insiste celle dont les parents, fondateurs de la société, assistent au salon chaque année depuis ses débuts en 1982. L’enthousiasme des participants en amont n’a pas forcément rencontré le public escompté.
D’après les organisateurs, le nombre net de visiteurs s’est élevé à 8 822 entrées, contre 13 260 en 2019 lors de la dernière édition, soit une baisse de 33 %. En cause : le changement de dates pour éviter de coïncider avec ProWein, les restrictions qui perdurent au niveau des déplacements internationaux et des grèves dans le métro londonien. Pour Cécile Lavaud-White, un autre facteur était également à l’œuvre : « Il y avait indéniablement moins de visiteurs du circuit CHR. Comme il y a de vrais problèmes de main d’œuvre dans ce secteur, je pense que beaucoup de restaurateurs et sommeliers auraient voulu venir mais n’ont pas pu se libérer ».
Si les organisateurs s’attendaient donc à une baisse de fréquentation – comparable à celle rencontrée par d’autres événements comme ProWein – ils se félicitent en revanche de la qualité du visitorat. « Le retour des exposants est extrêmement positif », note la directrice du salon, Hannah Tovey. « Beaucoup d’entre eux ont déjà réservé leur stand pour 2023 et rapportent la présence de visiteurs de très grande qualité du secteur des achats, et de très nombreux décisionnaires clés ».
Cécile Lavaud-White abonde dans son sens : « Nous avons dépassé nos objectifs sans le moindre doute. Certes il y avait moins de monde qu’avant le Covid, mais la qualité des visiteurs était excellente ». Anne Moreau, vice-présidente de la commission communication du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB), qui organisait une grande dégustation avec 34 producteurs présents à l’occasion du salon, s’est dit de son côté un peu surprise par la baisse de fréquentation. « C’était relativement calme, pour le salon dans son ensemble, pas uniquement pour la Bourgogne », reconnaît-elle, tout en précisant que l’objectif pour la région était « de montrer qu’on était contents de revenir sur le marché anglais après deux ans d’absence. C’est un marché important pour la Bourgogne ».
Si la manifestation « Great Bourgogne Reunion » ne devait pas se tenir pendant la manifestation, la proposition des organisateurs d’associer les deux événements semblait être une solution « gagnante-gagnante » pour le BIVB. « Les professionnels britanniques étaient tous contents de nous revoir, comme nous étions aussi contents de les revoir », tempère Anne Moreau. Et de préciser que l’opération s’inscrivait davantage dans le cadre d’une mission de relations publiques, sachant que la pénurie actuelle de vins rend la prospection commerciale difficile. « C’est important de montrer au marché britannique que la Bourgogne est toujours là, au même titre qu’ils sont là pour nous. On a vécu ce moment comme une vraie réunion, une reprise de contacts. J’espère pour certains qu’il y aura des retombées commerciales par la suite, mais le but était vraiment de se retrouver tous ».
La baisse de fréquentation pose en réalité de nombreuses questions quant à l’avenir des salons. Dans le cas de la London Wine Fair, elle n’est pas uniquement liée aux contraintes déjà citées, mais à une politique volontariste des organisateurs. « Nous avons poursuivi de manière rigide notre politique qui consiste à faire payer les entrées », explique Hannah Tovey, « tout en sachant que cela aurait un impact négatif sur le nombre global de participants. Notre engagement à attirer des visiteurs qualitatifs, et non quantitatifs, reste entier ». De même, le développement d’une plateforme digitale – mise en œuvre par l’ensemble des grands salons professionnels – mène obligatoirement à une nouvelle ventilation des participants. La version digitale de la London Wine Fair est prévue les 20 et 21 juin, en attendant la prochaine édition physique, qui se tiendra du 15 au 17 mai 2023. « Nous sommes très heureux qu'un si grand nombre d’exposants se soient déjà inscrits à l'événement de l'année prochaine, qui reprendra son créneau habituel de la mi-mai », se réjouit la directrice du salon.