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Les vignerons durement touchés par la grêle restent combatifs, malgré la catastrophe 
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Pour assurer l'avenir
Les vignerons durement touchés par la grêle restent combatifs, malgré la catastrophe 

Début juin, chacun à leur manière, des vignerons très durement touchés par la grêle relèvent leurs manches pour surmonter le choc et assurer l’avenir.
Par Bertrand Collard Le 13 juin 2022
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 Les vignerons durement touchés par la grêle restent combatifs, malgré la catastrophe 
Anicette Gilbert, vigneronne à Saix (Vienne), a perdu 11 ha sur les 13 que compte son vignoble. Les rameaux ont perdu leur feuilles et sont déchiquetés. - crédit photo : DR
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« On ne va pas s'arrêter là, assure Benoît Grisard. On n'a pas tout perdu. Si ça ne recommence pas, c'est jouable. » Le matin du 5 juin, un terrible orage de grêle a ravagé la moitié de ses 25 ha de vignes, les laissant pratiquement nues. « Ça a duré un quart d'heure. C'était d'une intensité jamais vue. Il reste quelques feuilles. C'est mieux que rien. Et on n'est pas la seule culture touchée : les céréales et les pépinières viticoles sont aussi par terre », précise ce vigneron à la tête du domaine Grisard Jean-Pierre et fils, en Savoie. Outre Fréterive, son village, les communes voisines Arbin et Cruet sont tout aussi durement touchées.

Une crème d'algue pour aider les vignes à se remettre

Dès le lendemain de la catastrophe, Benoît Grisard est passé dans ses vignes pour appliquer une crème d'algue afin de les aider à se remettre du choc. Puis, avec ses salariés, il s'est mis à redescendre les fils releveurs. « On avait en grande partie terminé le relevage. Maintenant, il faut recommencer. Ça fera deux passages supplémentaires, voire trois, alors qu'on aura moins de récoltes. » Benoît Grisard s'attend à une énorme sortie de pampres qui imposera un ébourgeonnage tout aussi imprévu. N'étant pas assuré et vendant pratiquement toute sa récolte en bouteilles, il va tout faire pour préserver ce qu'il lui reste et préparer au mieux l'année prochaine.

Ne pas s'arrêter

À Saix, tout au nord de la Vienne, Anicette Gilbert est elle aussi combative après avoir vécu « l'apocalypse », le 4 juin vers 14 h 30. « Il est tombé des grêlons gros comme des balles de ping-pong, raconte-t-elle. Ça a duré dix minutes. Sur 80 % des surfaces de la commune, il n'y a plus rien et, sur mes 13 hectares de vignes, 2 ha restent debout. Les autres n'ont plus aucune feuille, que des rameaux déchiquetés. Même l'année prochaine, je n'aurai pas de récolte. »

En plus de ses vignes, Anicette Gilbert cultive 80 ha de céréales. « 50 ha sont morts », assure-t-elle. Avant la catastrophe, « la vigne était magnifique, ajoute-t-elle. On se levait le matin, on était heureux. Là, tout est par terre. »

Saix compte 160 ha de vignes et une douzaine de vignerons, tous apporteurs à la cave Robert et Marcel de Saumur, en Maine-et-Loire. Anicette Gilbert, administratrice au sein du conseil de cette coopérative, est leur représentante. « Quand ça va mal, c'est moi que l'on vient voir », dit-elle. Le 4 juin, c'est elle qui accusait le coup. Puis, elle a repris le dessus. Et n'a pas arrêté. Elle a « passé sa vie au téléphone pour faire le lien, épauler les collègues », répondre aux journalistes, préparer des réunions et visites d'élus ou de représentants de l'État, discuter avec le technicien de la coopérative des travaux à faire?

Protéger les vignes

Sur son exploitation, ses deux ouvriers ont terminé d'épamprer le peu qu'il restait à faire. Ils ont protégé les vignes qui avaient encore des feuilles et se sont mis à nettoyer de leurs rameaux cassés celles qui sont totalement dénudées. Lorsqu'ils auront fini, ils n'auront plus grand-chose à faire car Anicette Gilbert veut attendre que ses vignes repoussent avant d'y toucher. Pour cette période de creux, la vigneronne ne savait toujours pas, le 9 juin, si elle allait la traverser avec du chômage partiel ou en finissant des travaux qu'elle avait jusqu'ici remis à plus tard.

Dans le Gers, Vincent Piquemal ne se pose pas de telles questions. Il a pris sa décision : il retaille ses vignes grêlées. À la tête du Domaine de Danis avec sa sœur Victoire, 40 ha de vigne à Castelnau-d'Auzan, il a perdu toute sa récolte le 3 juin. Deux jours après le cataclysme, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau s'est rendu chez lui pour constater les dégâts. À cette occasion, le vigneron lui a fait part de ses revendications au sujet de l'assurance.

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Vincent Piquemal montre les dégats causés par de la grêle sur son vignoble au ministre de l'Agriculture Marc Fesneau (crédit photo DR)

Sur son exploitation, c'est un autre chantier qu'il a engagé avec ces quatre ouvriers, au chevet de ses vignes ravagées. « On a redescendu les fils releveurs pour pouvoir à nouveau palisser correctement le moment venu. On a fait un passage de cuivre sur les vignes les plus touchées et un passage de folpel et de fosétyl avec un anti-oïdium, là où il reste encore quelques feuilles, pour les protéger. Depuis hier, on retaille toutes les pousses à deux yeux, et je m'apprête à remettre de l'azote pour favoriser le redémarrage », explique-t-il, le 10 juin.

Par le passé, Vincent Piquemal avait déjà retaillé des sauvignons après une chute de grêle moins sévère et bien moins étendue que celle du 4 juin. « C'était le jour et la nuit entre la partie taillée et celle que nous avions laissée sans y toucher ; dans les vignes taillées on avait retrouvé du joli bois l'année d'après, assure-t-il. On va retailler le maximum de ce qu'on pourra faire. J'espère au moins 21 ha. »

"15 cm de grêle par terre"

À une dizaine de kilomètres à l'est, au Domaine de Labrit, à Montréal du Gers, Philippe Gourgues est un peu moins sévèrement touché, ses vignes ayant conservé quelques feuilles. Mais il sait qu'il ne récoltera pas grand-chose sur ses 70 ha. « Il y avait 15 cm de grêle par terre, rapporte-t-il. Tout mon vignoble est touché. Les feuilles sont hachées, les rameaux cassent comme du verre. On ne sait pas ce qu'il restera des grappes. Ça fait mal de voir cela. Heureusement, on n'avait pas encore écimé, ce qui a préservé un peu la végétation. »

"Retailler ? Vous imaginez le travail ? Le coût ?

Philippe Gourgues livre l'essentiel de sa récolte à la coopérative Plaimont, dont les techniciens sont passés pour lui conseiller de retailler ses vignes. Lui ne veut pas. « Vous imaginez le travail ? le coût ? Je préfère ne pas y toucher. » En revanche, il met l'accent sur la protection phytosanitaire. « On va y revenir tous les huit jours », explique-t-il. Le 3 juin, juste avant l'orage, il finissait un traitement. Trois jours plus tard, il l'a renouvelé. Le 10 juin, il avait prévu un nouveau passage le 14, alors qu'il emploie des produits systémiques. « On est obligé. On va avoir beaucoup de jeunes feuilles. Il faudra en permanence les protéger car elles seront plus fragiles encore qu'en temps normal comme la vigne a été très meurtrie. C'est dur croyez-moi. On l'a amer, mais on ne s'arrête pas. » 

Des fonds interchangeables

Outre les fonds en inox, Samuel Delafont propose des fonds en bois ou en polymère pour ses fûts inox. Propriétaire de 8 ha à Polisot, dans l’Aube, Sébastien Clergeot, a choisi les fonds en polymère qui laissent passer 3 mg d’oxygène par litre de vin et par an (O2/l/an). C’est dans trois fûts ainsi équipés qu’il vinifie et élève neuf de ses 60 hl de blanc de noirs, le reste en cuve inox. « Les vins en fût ont plus de volume. Ils ont apporté de la complexité et de la rondeur à l’assemblage », assure-t-il. Pour 2022, il a commandé deux nouveaux fonds en polymère qui laissent passer, ceux-là, 9 mg d’O2/l/an, « car je cherche encore plus d’ouverture aromatique ». Ces fonds sont fabriqués par la société JABB. Sébastien Clergeot embouteille ses vins en avril pour 24 mois d’élevage sur lattes.

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