lors que la vigne explosait ce mois de mai, nombre de viticulteurs ont manqué de bras. « J'ai mis des annonces un peu partout : sur les réseaux sociaux, sur Le Bon coin. Je proposais notamment un chèque carburant. Je n'ai eu aucun retour », se désespère César Deriaux, cogérant du domaine de Montbourgeau, à l'Étoile (Jura). En Corse, région d'ordinaire prisée des saisonniers, Nicolas Mariotti-Bindi propriétaire, du domaine Cantina di Torra, à Oletta, n'en revient pas : « D'habitude, on a énormément de monde avec Pôle emploi. Cette année, je n'ai pas eu un seul appel. Je suis allé jusqu'à modifier l'annonce pour dire que j'acceptais les débutants. Ça n'a rien donné. »
Baptiste et Césard Deriaux, vignerons dans le Jura (crédit photo Domaine de Montbourgeau)
À Vallon-Pont-d'Arc, en Ardèche, Stéphane Dupré fait chou blanc lui aussi. Il cherche désespérément deux ouvriers « capables de mener un tracteur » pour l'exploitation de 60 ha qu'il dirige avec ses deux frères et sa sœur. « On a quatre ouvriers à l'année, explique-t-il. On en cherche deux de plus. Des tractoristes, on en trouve, mais ils ne veulent faire que du tracteur. Or il reste beaucoup de travail manuel sur une exploitation. »
Pour compliquer un peu plus les choses, son prestataire ne lui a amené que cinq saisonniers contre une quinzaine les années précédentes. « On s'en sort en travaillant nuit et jour, poursuit Stéphane Dupré. On a laissé tomber l'ébourgeonnage des merlots et des syrahs pour se concentrer sur les viogniers et les grenaches. On a seulement éliminé les branches qui poussaient vers en bas. Et je me suis moi-même remis au relevage. »
Comment en est-on arrivé là ? Personne ne le sait. « Le salaire n'est pas le problème : chez nous, on rémunère bien, au-dessus du Smic », soutient Audric Naudet, exploitant sur 18 ha à Sury-en-Vaux, dans l'appellation Sancerre. « Il s'est passé quelque chose depuis le Covid, suppose Nicolas Mariotti-Bindi. Si vous faites le parallèle avec la restauration, on voit qu'il y a un mouvement de fond. Peut-être que les gens se désintéressent de nos métiers parce qu'ils sont durs ou parce que le prix des transports a augmenté? »
Dans ces circonstances, « on ne refuse personne. Même si un saisonnier n'est pas très performant, on le garde », assure Audric Naudet. Si cela ne suffit pas, reste deux solutions : l'intérim, à des tarifs souvent rédhibitoires, et le réseau, les habitués. « J'ai limité la casse par le bouche-à-oreille, assure Nicolas Mariotti-Bindi. On arrive à trouver salariés d'autres productions agricoles qui veulent continuer leur saison. »
César Deriaux pense déjà à l'avenir. « L'année prochaine, je vais proposer de loger les saisonniers. Je vais établir un contrat avec un camping tout près. Ça me permettra de recruter au-delà du Jura », projette-t-il. Pour sa part, Nicolas Mariotti-Bindi réfléchit à « une augmentation de salaire, pour se distinguer et valoriser ce travail difficile ».
Outre les fonds en inox, Samuel Delafont propose des fonds en bois ou en polymère pour ses fûts inox. Propriétaire de 8 ha à Polisot, dans l’Aube, Sébastien Clergeot, a choisi les fonds en polymère qui laissent passer 3 mg d’oxygène par litre de vin et par an (O2/l/an). C’est dans trois fûts ainsi équipés qu’il vinifie et élève neuf de ses 60 hl de blanc de noirs, le reste en cuve inox. « Les vins en fût ont plus de volume. Ils ont apporté de la complexité et de la rondeur à l’assemblage », assure-t-il. Pour 2022, il a commandé deux nouveaux fonds en polymère qui laissent passer, ceux-là, 9 mg d’O2/l/an, « car je cherche encore plus d’ouverture aromatique ». Ces fonds sont fabriqués par la société JABB. Sébastien Clergeot embouteille ses vins en avril pour 24 mois d’élevage sur lattes.