u’est qui anime les jeunes diplômés d’écoles prestigieuses ? Quelle est leur quête de sens ? Ces questions étaient au centre du Ciné-débat organisé à Lille le 31 mars par l’association Junia Alumni (Isa-Hei-Isen) et l’université catholique de Lille. Arthur Gosset, jeune ingénieur diplômé de Centrale Nantes de 25 ans, y présentait son documentaire Ruptures. Ce documentaire décrit le parcours de six jeunes, diplômés de Polytechnique, Centrale Nantes, Sciences Po Toulouse, l’Ieseg Lille, ayant tourné le dos à une carrière prometteuse. Leur destin était tracé, ils ont choisi la rupture face à l’urgence climatique. « Nous avons réalisé plus de 120 projections en présentiel, une centaine en distanciel et l’on se rend compte que ce questionnement sur le sens de son travail n’est pas nouveau mais prend de l’ampleur, témoigne Arthur Gosset. Ce film met en scène des jeunes qui ont fait le choix d’une rupture, mais je rencontre beaucoup de personnes qui s’engagent au sein de leurs entreprises pour faire bouger les lignes de l’intérieur ».
Plus de 20 000 étudiants ont déjà vu ce film qui traduit l’état d’esprit de ces moins de 30 ans. « Nous sommes dans une forme d’urgence, poursuit Arthur Gosset. Il y a cinq ans, seule une minorité des étudiants des grandes écoles et universités étaient mobilisée. Maintenant, 30 % des étudiants et jeunes diplômés ont une approche assez radicale de l’environnement. Face aux difficultés de recrutement, les entreprises vont être obligées d’intégrer l’obligation de protéger la planète et de revoir leur rapport au travail pour attirer des salariés. Beaucoup d’employeurs pensaient que le télétravail ne pouvait pas fonctionner. Ceux deux dernières années ont prouvé, sous la contrainte, que c’est en fait possible… ».
Et la viticulture, avec son caractère non-essentiel, est-elle perçue comme un métier ayant du sens ? « Oui, travailler avec le vivant a du sens ! répond Arthur Gosset. Tout dépend comment le vin a été élaboré. Certes, le vin ne répond pas à un besoin premier comme celui de se nourrir. Il s’inscrit dans une dimension de plaisir, qui est également importante. J’ai du respect pour le monde agricole car il est le premier à être impacté par le changement climatique ». Ce film est également diffusé auprès de jeunes ayant un niveau d’études moins élevé, qui sont moins radicaux dans leurs choix professionnels, même si ces thématiques les intéressent également. « Ils nous posent plus de questions sur des éco-gestes au quotidien, sur le fait d’arrêter de manger de la viande, etc. poursuit Arthur Gosset. J’ai conscience que le fait d’avoir un diplôme reconnu me donne le luxe d’avoir le choix à la différence d’autres jeunes. Cela me donne également plus de responsabilités ».




