’était la curiosité des derniers Grands Jours de Bourgogne, salon professionnel qui s’est déroulé du 21 au 25 mars 2022 : une soirée dédiées aux IGP (Indications Géographiques Protégées) de Bourgogne, dont l’existence même est parfois méconnue. Avec une soixantaine d’hectares en production, ces signes d’origine pèsent peu à côté des 30 000 hectares revendiqués en AOC dans cette région.
Mais leur potentiel est à considérer. « En tant qu’IGP, nous disposons bien sûr de plus de liberté que les AOC voisines », argue Sophie Joigneaux, présidente de l’Organisme de Défense et de Gestion des Coteaux Burgonds [voir encadré]. « Les rendements sont plus haut, et les règles de densité de plantation bien plus souples. Mais notre point fort vient surtout des cépages autorisés ». Ainsi, les producteurs d’IGP Saône-et-Loire peuvent cultiver 6 cépages en rouge, 20 en blanc et 9 en rosé. On y trouve des classiques régionaux (pinot noir et chardonnay), des cépages historiques, souvent oubliés en AOC (melon, pinot gris) et quelques variétés d’autres vignobles (merlot, syrah, chenin…).
Un choix bienvenu dans un contexte de dérèglement climatique, où des pieds plus tardifs ont toute leur place. Intéressant, également, pour des consommateurs qui changent d’habitudes. « Un blanc comme le melon est très apprécié pour sa fraîcheur naturelle», observe Sophie Joigneaux, qui précise que « c’est cette diversité de cépages qui suscite l’engouement des consommateurs».
Conscientes de cet avantage, les IGP de Bourgogne veulent transformer l’essai. « Nous faisons la demande auprès de l’INAO d’intégrer une douzaine de cépages résistants dans nos cahiers des charges. » Cela comprendra les ResDur d’Inrae (Artaban, Floreal, Vidoc et Voltis) ainsi que des hybrides allemands comme le bronner, le souvignier gris, le prior, le cabernet cortis ou encore le muscaris. Une nouvelle dynamique qui pourrait permettre d’attirer les investisseurs.
À l’heure actuelle, les surfaces en production ont plutôt tendance à stagner. «Quelques opérateurs en AOC se renseignent de temps à autre. Mais, chaque année, nous sommes très loin d’atteindre le contingent de FranceAgrimer, établi à 10 hectares de plantations nouvelles. » La plupart des producteurs en IGP de Bourgogne « exploitent ces parcelles dans le cadre d’une diversification. Certains produisent des AOC à côté, d’autres sont double-actifs. Ce sont des passionnés plus que des investisseurs : les rendements maximums sont rarement atteints. » Et de rappeler que « la rentabilité en IGP reste faible, pour des coûts de chantier de plantation équivalents ».
- l’IGP yonne, avec environ 7ha en production dans la zone de Chablis
- l’IGP coteaux de l’auxois, environ 24ha au nord de la Côte de Nuits
- l’IGP sainte-marie-la-blanche, qui avoisine 13ha dans la plaine de Saône, face à la Côte de Beaune
- l’IGP saône-et-loire, un peu moins de 15ha répartis au nord et au sud du département
Les trois dernières sont regroupées au sein de l’ODG Coteaux Burgonds.