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Vers une AOC Sable de Camargue... et une contestation par les vins IGP Bouches-du-Rhône
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En 2022
Vers une AOC Sable de Camargue... et une contestation par les vins IGP Bouches-du-Rhône

L'IGP Sable de Camargue n'attend plus que la publication au Journal Officiel pour acter définitivement sa mue en AOC, qui couvre le littoral languedocien des Saintes-Maries-de-la-Mer jusqu'à Sète. Cela ne manque pas de faire grincer des dents de l'autre côté du Rhône.
Par Olivier Bazalge Le 05 avril 2022
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Vers une AOC Sable de Camargue... et une contestation par les vins IGP Bouches-du-Rhône
Patrick Guiraud, président de l'ODG Sable de Camargue, attend la validation définitive de l'AOC avant les vendanges - crédit photo : Olivier Bazalge (Vitisphere)
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ux côtés de Pierre Maumejean, maire d’Aigues-Mortes, "capitale des vins Sable de Camargue", Patrick Guiraud, le président de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) des vins à Indication Géographique Protégée (IGP) Sable de Camargue annonce, face à un parterre de professionnels locaux réunis pour la présentation du millésime 2021, « l’aboutissement de la demande de reconnaissance en AOC de Sable de Camargue ».

La marche décisive a été franchie le 27 janvier dernier, alors que le comité national des IGP de l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) a officiellement transmis le dossier à la Direction Générale de la Performance Economique et Environnementale du ministère de l’Agriculture (DGPE). « Il ne reste donc plus que la signature du ministre avant parution au Journal Officiel », pose Patrick Guiraud, « une signature avant l’élection présidentielle nous permettrait de gagner un temps précieux ».

Ultime validation européenne

Même s’il reste confiant quant à l’utilisation de la mention AOC dès le millésime 2022, Patrick Guiraud craint tout de même l’inertie administrative liée aux élections présidentielles et législatives. Car il manquera encore l’ultime validation, européenne, pour finaliser complètement la protection de l’appellation. « Cela prendra encore quelques mois », avise Patrick Guiraud. Cette appellation concernerait alors 3 000 ha de vignoble allant des rives du Rhône à la bande littorale sétoise, uniquement pour la production de vins gris et gris de gris, « Ã  hauteur de 200 000 hl ».

Initiée depuis 2013, cette demande d’abrogation de l’IGP pour devenir AOP ne satisfait pas pour autant l’ensemble de la production de la terre camarguaise.  « Nous n’avons rien contre le passage en AOP de nos voisins, nous souhaitons juste avoir la garantie juridique d’utilisation du terme Camargue », pose sereinement Jean-Claude Pelegrin, président de l’IGP des vins de Pays des Bouches du Rhône, produite sur l’autre rive du Rhône, juste en face la zone de production de Sable de Camargue.

Sète, ce n'est pas la Camargue

Pour lui et les producteurs de la partie méridionale de l’IGP Pays des Bouches-du-Rhône, le péril est trop grand, mâtiné d’une touche de rancÅ“ur. « On nous dit que la Camargue appartient à tous, mais seuls les gardois et les héraultais pourront profiter de son nom. Cet amalgame nous exaspère et Sète, ce n’est pas la Camargue ! », appuie-t-il.

S’ils ont toujours la possibilité d’utiliser la mention territoriale Terres de Camargue sur leur étiquette, en tant que Dénomination Géographique Complémentaire (DGC), ils estiment que le passage de l’IGP en AOP Sable de Camargue menace trop fortement cet acquis. En effet, depuis 2011, et la mue de l’IGP Sables du Golfe du Lion en IGP Sables de Camargue, la co-utilisation du terme Camargue par les deux IGP est en vigueur. « Mais face à une AOP, une simple DGC n’a aucune valeur juridique. Il y a péril sur l’utilisation du nom Camargue, c’est pourquoi nous sommes opposés au partage en l’état actuel des choses », argue Jean-Claude Pelegrin.

A ses yeux, il suffirait donc qu’une seule personne conteste cet état de fait pour que la DGC Terre de Camargue soit invalide. « L’accord de 2011 a été établi sous la contrainte. Nos volumes de production sont sans commune mesure, c’est le pot de terre contre le pot de fer. L’INAO se borne à mettre en avant que cette DGC nous protège. En cas de contestation d’un tiers, tous les producteurs de Camargue situés dans les Bouches-du-Rhône ne pourraient plus utiliser le nom de leur zone de production », s’agace-t-il.

Volonté d'apaiser

Pourtant, on calme volontiers le jeu du côté gardo-héraultais. « Nous avons un service juridique, et depuis 11 ans que nous voyons passer des bouteilles avec la mention Terre de Camargue, nous ne les avons jamais attaqués. L’accord de 2011 satisfaisait tout le monde, donc cette cohabitation nous va très bien et nous ne souhaitons pas les empêcher d’utiliser ce nom », tranquillise Patrick Guiraud.

Mais Jean-Claude Pelegrin n’en démord pas, sans protection officielle, il n’y a aucune garantie. « Nous allons donc porter le dossier devant le conseil d’Etat, et avons déposé une demande de reconnaissance d’une IGP Terres de Camargue à part entière auprès de l’INAO », tranche-t-il.

Alors que l’INAO accompagne depuis ses débuts les Sable de Camargue dans cette transition d’IGP vers l’AOP, sa directrice régionale Occitanie Catherine Richer se veut plus sceptique quant aux possibilités de cohabitation de deux dénominations protégées autour du même nom. « Imaginons ce scénario dans une autre région comme la Champagne, ce serait complètement impossible », image-t-elle. Quant à l’utilisation du terme Camargue jusqu’à Sète, elle n’y voit pas non plus d’inconvénient, « dans la mesure où la zone géographique de production a été totalement justifié d’un point de vue géologique. Ce sont bien des sables de Camargue que l’on retrouve tout au long du lido sétois ».

La Camargue, terre de vins, tout autant que terre de contrastes.

 

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