Il n’y a pas de pourvoi formé, l’arrêt est définitif » résume maître Jean Gonthier, l’avocat des frères Jean-Pierre et Marc Médeville, les gérants de la SCEA Jean Médeville, poursuivis et condamnés pour « falsification de denrées alimentaires par enrichissement irrégulier et pratiques commerciales trompeuses » (entre 2016 et 2018) par la cour d’appel de Bordeaux ce 23 mars 2022. Si les deux gérants écopent chacun d’une peine de 10 000 € et que leur SCEA doit régler une amende de 75 000 €, le jugement de deuxième instance révise nettement à la baisse le jugement de la quatrième chambre correctionnelle du tribunal de Bordeaux, qui condamnait en 2020 les prévenus à des peines plus lourdes (400 000 € pour l’entreprise et 30 000 € pour chacun de ses gérants) et les assortissait de peines de prison (6 mois d’emprisonnement avec sursis).
« La cour a jeté un regard qui ne nous satisfait pas [en n’innocentant pas les prévenus], mais d’une toute autre nature : il n’y a plus de prison avec sursis, qui est une peine de voyou, mais des amendes, qui sont des peines techniques » commente maître Jean Gonthier, qui note que la juridiction n’est « plus dans l’excès qui entachait le premier jugement ». En première instance, l’implication dans la vie syndicale bordelaise des deux vignerons avait pesé pour ces peines se voulant exemplaires. À l’époque, Jean-Pierre Médeville présidait l’AOC Cadillac Côtes de Bordeaux et Marc Médeville était à la tête du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieurs (mandats qu’ils ont quitté depuis).
« On avait une année à problème, avec des raisons personnelles internes à l’entreprise (un associé étant malade). C’était une année de transition, où il y avait un laisser-aller dont nous n’avons pas disconvenu lors de l’audience. Mais de là à faire de mes clients des voyous, c’était impossible » ajoute maître Jean Gonthier, notant que le jugement d’appel a donné gain de cause à ses clients sur le rosé de saignée (avec une relaxe au bénéfice du doute).